Quand Gorbio inspire le chemin de croix d’Isnard
Il a réalisé 18 petits tableaux qui racontent le chemin de croix de Jésus avant sa crucifixion. Ça se déroule dans le vieux village et c’est assez décalé. A l’image de l’artiste. A découvrir à Monaco.
Gorbio, dont il fut le maire de 2001 à 2020, est une source d’inspiration qui ne s’épuise – et ne l’épuise – jamais. La peinture de Michel Isnard revient régulièrement sur la représentation de son village. Il raconte ses architectures anciennes, ses ruelles et ses places, ses maisons, ses habitants et ses figures, ses traditions, ses secrets, ses histoires et ses mythes.
Michel Isnard a beau avoir raccroché en 2020, son Gorbio continue de l’obséder. On n’efface pas comme ça 20 ans de règne ! Récemment il a imaginé un chemin de croix très gorbarin, la religion étant une autre de ses sources d’inspiration.
« Mais je ne suis pas croyant, précise d’emblée Michel Isnard. Et c’est plus le Christ que la religion que je représente dans mes tableaux. Pour moi c’est un homme sublimé pour lequel j’ai de l’admiration, un homme de la même envergure que Martin Luther King, un homme qui a amené à son époque un message de paix. »
Michel Isnard a réalisé en le Chemin de croix de Gorbio. Il se présente sous la forme de d’illustrations de petits formats dans une technique qui associe trait, encre et gouache. Il comprend stations, de plus que le veut la liturgie.
Son chemin de croix est exposé encore jusqu’à fin octobre à l’Espace 22 du boulevard d’Italie à Monaco. Sur 18 stations (4 de plus qu’un chemin de croix traditionnel) qui se déroulent dans le vieux village, l’oeil gorbarin y reconnaîtra la place de la République et sa fontaine, la voûte de la maison Malaudi, le porche d’entrée du vieux village, la façade de l’église, le vieux four communal, l’îlot de ruines… Et la terrasse du château des Lascaris, bien sûr, là où se déroule la mise en croix, juste au-dessus de la place de la Moua et de sa magnifique croix en fer forgé réalisée par Yves Véran qui fut l’artiste forgeron du village.
Le village, l’orme et Marie-Madeleine
Michel Isnard est un artiste et il mêle les époques de l’histoire au gré de ses folies. Dans ce chemin de croix qui raconte la crucifixion du Christ, il n’hésite d’ailleurs pas à mettre en scène des figures du village aux côtés de soldats en costume militaire du XVIIIe siècle qui évoquent eux la Fête de l’orme – elle n’existe plus – au cours de laquelle la population de Gorbio revêtait des costumes de cette époque.
L’orme justement. L’arbre totem de Gorbio. C’est là que Michel Isnard place son Christ coiffé de la couronne d’épines avec laquelle il se présente ensuite à Ponce Pilate. Au coeur de ce chemin, aux côtés du Christ il y a aussi Marie-Madeleine.
Elle est représentée avec une robe et une perruque du XVIIIe siècle et elle contraste par sa teinte bleue, ses seins nus et ses poses très suggestives. « Je suis Varois et j’ai fait mes études à Brignoles. Làbas, Marie-Madeleine est un personnage qui compte. Pour moi c’est le 13e apôtre et ce chemin de croix entend la réhabiliter. Et puis j’ai toujours eu une attirance particulière pour les courtisanes ! »
Voilà un travail qui ne se trouvera très probablement jamais dans une église. Mais il reste un formidable hommage à son village « seconde peau » de Gorbio. « C’est un projet que je nourrissais depuis longtemps et que le confinement m’aura donné le temps de la réaliser » explique Michel Isnard. Il vous accueille du mercredi au samedi à l’Espace 22 pour vous vous guider à travers ce chemin de croix.
Espace 22, 24 boulevard d’Italie, Monaco Jusqu’au 31 octobre du mercredi au samedi de 15 heures à 19 heures en présence de l’artiste.