« Ça ne ferait pas de mal qu’il pleuve un peu »
La courgette vit sa plus belle vie. Voilà une information capitale, n’estce pas ? La douceur du moment lui permet de s’épanouir en plein champ, à une époque où, habituellement, les premières pluies ont eu raison de sa cuirasse verte. Personne ne se plaindra de lui voir jouer les prolongations et de nous offrir encore un goût d’été. Surtout pas Pierre Abril, maraîcher au domaine de la Ferrage à Auribeau-sur-Siagne, qui se félicite des températures clémentes de cet automne. « Nous n’avons pas encore connu de grands froids. Les légumes poussent bien. Mais honnêtement, ça ne ferait pas de mal qu’il pleuve un peu », sourit-il. Sur son exploitation, salade, fenouil, blettes, choux et courgettes, donc, sont les légumes du moment.
Souvent, les intérêts divergent entre ceux qui consomment des petits légumes à l’apéro le soir, profitant de la douceur automnale, et ceux qui les cultivent. Dans les couloirs de la Chambre d’agriculture, cette sécheresse est placée sous surveillance. « C’est un épisode qui nous inquiète car ces périodes de sécheresse en automne-hiver sont problématiques », note Jean-Luc Belliard, technicien responsable du pôle eau et environnement à la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes.
« Ce sera une petite année »
Un manque d’eau en cette saison, ce n’est ni la première, ni la dernière fois. Mais Jean-Luc Belliard note un effet « yo-yo » de plus en plus marqué. Certains secteurs du département sont ainsi en déficit très important, comme la rivière l’Artuby à Valderoure ou Séranon.
« Cette situation nous interpelle, notamment pour les éleveurs, expliquet-il. Les élevages en estive pensaient descendre pour trouver de l’herbe verte, mais ce ne sera pas le cas. S’il ne pleut pas, on peut se retrouver avec une sécheresse hivernale qui obligera à des apports en foin et bouleversera donc le modèle économique. Nous sommes à chaque fois sur 34,90 € le fil du rasoir, notamment pour les cultures méditerranéennes comme les jeunes oliveraies ou le mimosa. » Du côté des olives, justement, les grands moulins viennent d’ouvrir. La récolte est en cours, et poussera son activité jusqu’en décembre. «Ce sera une petite année, mais nous n’avons pas à nous plaindre du climat actuel. L’eau, quand elle tombe, ralentit le mûrissement, mais pas cette année, donc », commente JeanPhilippe Frère, oléiculteur au Rouret.