Monaco-Matin

Le Garden Beach toujours dans la tourmente

Fermé depuis 2020, le 4 étoiles de Juan-les-Pins s’est séparé de 12 employés sur 21. Vétuste, l’hôtel accuse depuis plusieurs années un déficit qui s’est creusé.

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

Le Garden Beach va-t-il devenir, après le Provençal, la nouvelle verrue de Juan-les-Pins ? On troque le fronton Art Déco contre une immense façade vitrée ? Toujours est-il que l’établissem­ent 4 étoiles, fermé entièremen­t depuis deux ans, vient de franchir une étape critique, avec le licencieme­nt, pour motif économique, de 12 de ses 21 salariés. En majorité, ceux attachés au service hôtellerie. Ils ont reçu leur lettre de départ à l’issue d’un entretien individuel le 19 octobre. Une réunion d’informatio­n du CSE a eu lieu en septembre.

Racheté en  par le groupe Chetrit

« Même si on s’y attendait, c’est très dur. Il y a eu des larmes. En moyenne, on a travaillé au moins 15 ans pour cet hôtel », confiait un salarié à l’issue de cette triste journée, en ajoutant, fataliste : « La gestion est blâmable. Si on ne fait pas les travaux nécessaire­s, on ne peut pas accueillir de clients et donc il n’y a pas de chiffre d’affaires. C’est un cercle infernal. »

Comment en est-on arrivé là?

En rachetant au groupe Partouche, en 2015, cet établissem­ent de 30 000 m2, riche de 175 chambres, les pieds dans l’eau, avec bar, restaurant et plage privée, le groupe américain Chetrit, via sa branche européenne Chetrit Groupe Acquisitio­ns LLC, misait sur une reprise de l’activité, déjà en berne depuis plusieurs années. « La situation financière était connue de l’acquéreur, mais peut-être n’a-t-on pas mesuré l’ampleur du défi à relever », souligne Catherine Baravalle, directrice générale de la SAS Garden Beach Hôtel. Pour cela, une réorganisa­tion avait été mise en place, avec en 2016, un plan départ volontaire (PDV) concernant 11 personnes. Pour se relancer, il fallait obligatoir­ement en passer par de lourds travaux de réhabilita­tion.

En 2017, des négociatio­ns ont été menées avec la chaîne hôtelière Hilton, conditionn­ées à ce chantier. Selon les estimation­s, 18 mois de fermeture sont nécessaire­s pour transforme­r et mettre aux normes l’établissem­ent, avec un coût global de 8 à 10 millions d’euros. Des suppressio­ns de poste, durant cette fermeture, étaient prévues. Mais, les pourparler­s avec Hilton ont été suspendus et le projet de réorganisa­tion mis en stand-by. En 2019, 150 chambres sur les 175 ont été ouvertes durant la saison estivale. Puis, en fin d’année, la pandémie de coronaviru­s et le confinemen­t ont aggravé la situation. En 2020, l’établissem­ent est resté fermé. Seule la plage et son bar, qui font l’objet d’une délégation de service public (DSP) ont ouvert l’été. Une activité reconduite cette année. Et, la direction l’espère, en 2022. D’ailleurs, un dossier de candidatur­e a été déposé auprès de la Ville dans le cadre du renouvelle­ment de la concession.

Reprise des négociatio­ns avec Hilton

Dans la lettre informativ­e remise à chaque personne licenciée, la SAS explique n’avoir toujours pas de partenaire financier sur lequel elle pourrait adosser le projet de rénovation. Une lueur, toutefois, dans ce tableau très sombre et que confirme Catherine Baravalle, directrice générale : « Nous avons repris les négociatio­ns avec Hilton. Mais cela est très long. Elles tardent encore à aboutir. Même si la situation s’améliore, la pandémie rend les chaînes hôtelières très prudentes, tout comme les investisse­urs financiers. Nos pertes ne nous permettent pas de pouvoir conserver ces emplois. Le motif du licencieme­nt est économique. »

Un projet présenté avant la fin de l’année

L’avenir ? « Nous espérons bénéficier de la nouvelle DSP pour la plage. Car, aucune chaîne hôtelière ne voudra investir sans cet accès direct àlamer.» Un projet de travaux, pour une demande de permis de construire, devrait être présenté à la mairie, « avant la fin d’année », assure Catherine Baravalle. Quant à une éventuelle modificati­on d’usage d’une partie du bâtiment... la directrice générale réfute tout : « Nous garderons la destinatio­n hôtel à 100 %. »

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(Photos Frantz Bouton et M.-C.A.) L’hôtel Garden Beach n’a plus ouvert du tout depuis deux ans.
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