Monaco-Matin

« Voir, d’abord, si le mouvement était en état »

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Konstantin Stoyanov souligne que la restaurati­on n’avait rien d’une évidence, car l’objet est assez compliqué au niveau de la mécanique.

« C’est une combinaiso­n entre un instrument de musique standard et un mouvement. Le plus important, dans un premier temps, c’était donc de voir si ce dernier était en bon état », amorce-t-il. Le fait que le piano ait flotté dans la salle Sainte-Catherine a eu de lourdes conséquenc­es : mouvement rouillé ; stockage de sable, de boue, de saletés… Tandis que la boiserie a bu beaucoup d’eau. « J’ai réussi à trouver le modèle et toutes les pièces du mouvement. Quand j’ai fait sa révision, et que je l’ai graissé, il est reparti. C’était un bon début et ça m’a donné envie de travailler sur le meuble », poursuit l’antiquaire. Indiquant que son équipe a ensuite décidé de laisser sécher le piano 3-4 mois.

En quête de bons matériaux anciens

Au terme de cette courte parenthèse, la totalité des dégâts a pu être davantage visible. « Il y avait d’énormes pertes sur les côtés et le châssis. Il était pratiqueme­nt détruit. J’ai dû trouver de bons matériaux anciens. Normalemen­t, il ne faut pas travailler au-delà de 40 % sur l’objet. Si on reproduit avec du nouveau, c’est une rénovation, pas une restaurati­on. »

Konstantin explique avoir appelé des collègues, s’être renseigné. Jusqu’à ce qu’il trouve des matériaux issus d’un instrument – hors d’état – datant des années 1940-50. « J’ai récupéré deux panneaux en citronnier : j’ai fait la moitié de la partie gauche avec un bout de ceux-ci, et la partie droite a été totalement restituée. Elle était bouffée par les insectes, et la quantité d’eau et de boue absorbée était énorme. » Étape suivante : un travail poussé sur le châssis et les pieds.

« J’ai procédé à une interventi­on légère, avec de la colle organique, sur la planche qui fait la résonance et qui était fissurée. Puis nettoyé les cordes, démonté le comptoir avec les marteaux pour le reconstitu­er, et nettoyé le rouleau. » Après 3-4 mois de travail, le piano des Alpins a retrouvé toute sa splendeur. « Les planches extérieure­s du meuble avaient disparu. J’en ai fait deux pour couvrir le rouleau sonore et là où les cordes s’accrochent. Et j’ai fabriqué un autre petit capot à partir d’une ancienne table en poirier Napoléon III », complète le Breillois d’adoption. Les finitions ? Elles ont été réalisées à l’ancienne. Avec une recette classique mêlant charbon, gomme-laque et huile de lin. « Ça donne au piano un aspect rustique. Il n’était pas question de le faire trop clinquant...»

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