Menton : carton rouge à un supporter trop exalté
Les embardées au volant de son fourgon de Nidal C., un livreur de 27 ans, qui fêtait mercredi soir l’après-match Maroc-France, font écho au drame de Montpellier. Là-bas, un adolescent a été tué, renversé par une voiture. À Menton, le comportement irresponsable de ce singulier supporter aurait pu virer au drame, selon les policiers qui ont fini par l’interpeller. Nidal C., maintes fois condamnés pour des délits routiers, conduisait avec 1,62 g d’alcool par litre de sang, soit plus de trois fois le taux autorisé. Pris dans la liesse populaire de ce soir de Coupe du monde de football, Nidal C. ne s’est pas contenté de klaxonner. Il a pris une route à contresens, doublé d’autres automobilistes de manière périlleuse, effectué un dérapage à un rond-point avant même de circuler sur un trottoir !
Les images de vidéosurveillance montrent clairement qu’il a mis en danger ce soir-là des piétons. Après 48 heures de garde à vue, il a été présenté ce vendredi après-midi au tribunal correctionnel dans le cadre d’une comparution immédiate. Il a demandé un délai pour préparer sa défense. Le procès a été programmé en janvier. En attendant, il a été placé en détention provisoire comme l’avait demandé le procureur Marc Ruperd à deux jours de la finale.
Récidiviste
« Les faits sont d’une particulière gravité et Monsieur, sous contrôle judiciaire, est en récidive », constate le magistrat. Me Maxime Gratpanche, en défense, a tenté d’obtenir la remise en liberté de son client, d’autant que le fourgon a été saisi par la justice. « Monsieur regrette son comportement dangereux et aberrant. Le contexte était particulier ce soir-là, propice aux pires débordements. Il a été pris par cette folie, cet enthousiasme. » L’avocat suggère un contrôle judiciaire « le plus strict possible », sachant que son client « n’a aucune velléité à se soustraire à votre juridiction », que son fourgon a été saisi et qu’il vit chez sa mère à Sospel.
Nidal C. affirme pour sa part qu’il s’est désintoxiqué du cannabis et qu’il veut en faire de même avec l’alcool. De bonnes intentions qui ne suffisent pas à rassurer le tribunal présidé par Marion Menot. La magistrate explique au livreur la décision de l’incarcérer : « Vous avez treize mentions à votre casier judiciaire. Votre dernière condamnation remonte à mai. Cela commence à faire beaucoup. »
Le carton rouge judiciaire permettra peut-être, espère la justice, de faire réfléchir certains, aujourd’hui à l’occasion du match pour la troisième place entre le Maroc et la Croatie ou demain soir, au cas où une victoire de la France devrait être à nouveau fêtée sur la voie publique.