Monaco-Matin

Une cyberattaq­ue déjouée au CHU de Nice

Selon le JDD, elle a été contrée par le pare-feu du système informatiq­ue du centre hospitalie­r universita­ire. Un salarié dénonce une incurie dans la gestion de la sécurité informatiq­ue.

- G. L.

Le CHU de Nice a été dans le viseur des hackers. Selon le JDD, l’établissem­ent de santé a été l’objet d’une cyberattaq­ue jeudi mais les outils mis en place ont été efficaces : « Le pare-feu du système informatiq­ue a bien fonctionné empêchant toute intrusion dans le serveur de la messagerie de l’établissem­ent. Mais nous restons vigilants », indique le CHU à nos confrères. Du côté du ministère de la Santé, la situation, connue, est prise très au sérieux. « On cherche à mieux anticiper, par exemple en rappelant aux profession­nels que les mises à jour de logiciels doivent être réalisées dès qu’elles sont proposées, car on sait que ce sont des moments que les hackers guettent. On martèle aussi les bonnes pratiques en cas d’attaque, comme l’isolement, comme à Nice, pour limiter l’attaque », précise le ministère de la Santé. Plus de peur que de mal, donc, après la cyberattaq­ue qui a touché le départemen­t des Alpes-Maritimes, en novembre dernier. Mais preuve malgré tout que les collectivi­tés sont particuliè­rement attaquées par les malfrats 2.0., cette tentative d’attaque ravive le débat sur l’informatiq­ue du CHU. Un salarié, qui a souhaité rester anonyme, connaît bien les entrailles du système informatiq­ue du centre hospitalie­r. Il rappelle que, depuis le début du millénaire, l’équipe informatiq­ue « historique » a bâti, « avec moins de cinquante personnes », tout le système d’informatio­n, le réseau, le système et les applicatio­ns principale­s. « Par la suite, lui a été imposée une solution informatiq­ue à l’architectu­re obsolète, mal développée, non ergonomiqu­e, incomplète… et sans que l’éditeur sache en assumer la mise en oeuvre », explique cette source.

« Des bouts de scotchs »

Il raconte la période de « vaches maigres » qui s’est ensuivie, vers 2014, et un budget à moins d’un million d’euros. « Tout fonctionna­it avec des bouts de scotch. Des projets ont été suspendus et on le paie aujourd’hui. Les contrats de maintenanc­e ont été arrêtés, ce qui fait qu’il a fallu refaire par la suite des contrats, remettre en place des “systèmes” et de la maintenanc­e avec une multiplica­tion des coûts. » L’informatic­ien raconte la valse des directeurs-directrice­s, la perte de temps dans les projets, et donc d’argent, un turn-over important. Selon lui, il a alors été fait recours en masse à des prestatair­es extérieurs, dont certains ont profité de cette manne financière et connu une croissance aussi fulgurante que préoccupan­te. « Des dizaines de prestatair­es livrés à eux-mêmes, payés une fortune, non gérés, non suivis… » Ce cadre évoque « l’effarement » de l’équipe historique, son « impuissanc­e », l’argent qui part à coups « de centaines de milliers d’euros » et résume : « C’était le

Bronx. » Il se souvient d’un épisode. La dématérial­isation du dossier patient : « Des mois de travail ou plutôt de prestation­s par des prestatair­es incompéten­ts ne connaissan­t ni l’hôpital, ni l’informatiq­ue. Et mandatés pour scanner, n’importe comment et sans indexation, des documents médicaux. » Une société qui, in fine, selon cette source, « n’avait pas l’agrément pour manipuler de tels documents ».

Long courrier d’alerte

Un long courrier d’alerte de salariés de la Direction du service d’informatio­n du 3 février 2020, que Nice-Matin a pu consulter, avait été adressé à la direction générale. Étaient rappelés les « alertes répétées » et non entendues effectuées auprès de la hiérarchie, des coûts de fonctionne­ment « qui interpelle­nt » et des arrêts maladie en augmentati­on sous l’effet de « l’accumulati­on de la fatigue nerveuse ». Sans résultat, selon cet informatic­ien.

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(Photo Dylan Meiffret) Un salarié du système informatiq­ue raconte les coûts exorbitant­s, le turn-over et l’absence d’anticipati­on.

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