Choc et questions après le feu de Vaulx-en-Velin
L’incendie ayant touché un immeuble de 7 étages dans un quartier populaire de cette banlieue de Lyon a fait dix morts dont cinq enfants, et vingt-quatre blessés.
Accident ? Vétusté du bâtiment ? Trafic de drogue ? L’incendie dramatique qui a fait dix morts, dont cinq enfants, et 24 blessés, dont quatre en urgence absolue, à Vaulxen-Velin (banlieue est de Lyon), dans la nuit de jeudi à hier, soulevait hier soir émotions et questions.
Le feu s’est déclaré peu après 3 heures et a mobilisé près de 180 pompiers et 70 engins. Les flammes se sont propagées depuis le rez-de-chaussée d’un immeuble de sept étages, situé dans un quartier populaire en pleine rénovation urbaine.
« C’était effroyable », a déclaré Mohamed, le cousin d’un habitant du 4e étage qui a réussi à s’échapper par l’escalier avec ses deux enfants. « J’ai entendu des gens crier : “Au secours, au secours, au secours, aideznous” », a déclaré Assed Belal, un jeune habitant du quartier.
Elle jette son fils du e étage
« Il y avait des gens par terre, d’autres bloqués sur les balcons, et les pompiers avaient du mal à intervenir à cause des arbres ». Des résidents se sont précipités dans le vide, et une mère a même jeté son fils du quatrième étage pour le sauver avant de sauter elle-même de son balcon. « Sans la rapidité des sapeurspompiers et leur héroïsme, il y aurait eu un bilan encore plus dramatique », a souligné le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, accouru sur place avec le ministre du Logement, Olivier Klein. Les secours « ont pu sauver 15 personnes en prenant des risques considérables pour leur propre vie, en escaladant l’immeuble de l’extérieur car on ne pouvait pas entrer de l’intérieur et en sauvant jusqu’au 7e étage des enfants, des bébés », a-t-il détaillé.
Les autorités ont évacué les sinistrés dans une salle municipale. Trente-huit familles, soit une centaine de personnes, étaient hier soir en « besoin urgent de relogement », a indiqué la métropole de Lyon.
« Tous les appartements ont été saccagés par le feu, je l’ai vu de mes propres yeux, c’est assez choquant, il n’y a pas de portes coupe-feu, pas d’extincteur » ,a déclaré Yasmine, une étudiante de 22 ans, qui a refusé de donner son nom de famille. Comme d’autres témoins, elle assure qu’une porte du bâtiment avait été « bloquée par les policiers, ce qui a nui à la sécurité de tous ». Le processus d’identification des victimes n’était pas terminé hier soir. « Ma cousine [...] restée coincée et reste portée disparue, on attend que les policiers et pompiers nous disent si elle est sur la liste des personnes décédées », confiait en milieu de journée Murat Kara. « Les gens sont choqués, un des voisins de mes parents m’a dit que sa fille de 20 ans était dans l’immeuble et qu’il n’a toujours pas de nouvelles », racontait Samir, professeur au lycée professionnel des Canuts.
« Beaucoup d’hypothèses »
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour déterminer les causes de ce « dramatique » incendie, précisant n’écarter aucune hypothèse, « notamment la piste criminelle ». M. Darmanin a rappelé que l’origine de l’incendie était encore inconnue, soulignant qu’il y avait « beaucoup d’hypothèses ». « Les familles ont évoqué évidemment les points de deal », notamment un point à la fois de deal et de squat qui se trouvait à l’adresse de l’immeuble, a-t-il dit, tout en rappelant qu’il était « beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions ».
La maire socialiste de Vaulx-enVelin, Hélène Geoffroy, « signale très souvent les immeubles de sa commune, et notamment du quartier du Mas du Taureau, qui présentent des risques en termes de sécurité », a rappelé le député LR Alexandre Vincendet.