Monaco-Matin

Emmanuel Costa NICE AU XIX SIÈCLE e

L’artiste mentonnais, qui aimait peindre les paysages de la région, a produit des centaines d’oeuvres. Ici, c’est le quai des États-Unis qui s’appelait autrefois le quai du Midi.

- ANDRÉ PEYREGNE magazine@nicematin.fr

Au XIXe siècle, à Nice, avant que la promenade des Anglais ne devienne à la mode, les promeneurs parcouraie­nt le quai du Midi le long de la mer. La bonne société s’y retrouvait. Les aristocrat­es, les artistes et les amoureux y croisaient les hivernants et les touristes.

On y voyait des hommes en redingotes et en haut-de-forme et des femmes dont les robes descendaie­nt jusqu’à terre, comme on peut le voir dans cette aquarelle du peintre Emmanuel Costa qui est conservée au musée Masséna à Nice. Un doux soleil d’hiver éclaire le paysage. La mer est calme. Quelques voiliers la parcourent. Un parapet longe le bord de mer. Les palmiers n’y ont pas encore été plantés. Il faudra attendre le début du siècle suivant pour cela.

Des centaines d’aquarelles

Sur la gauche, au haut des collines du mont Boron, on distingue le fort du mont Alban. Vers la droite, au fond, se dresse l’architectu­re ronde et robuste de la tour Bellanda. Dire que le grand compositeu­r Hector Berlioz a séjourné dans ce lieu !

Dans l’arrondi du parapet se tient une Niçoise. Elle semble observer la lointaine silhouette du Château de l’Anglais, construit à la fin des années 1850 par le colonel Smith. Comme tous les Niçois de cette époque, on l’imagine en train de traiter de « fada » l’auteur de cette incroyable constructi­on. Emmanuel Costa fut un abondant témoin des paysages du comté de Nice de son époque. Ses tableaux et aquarelles se comptent par centaines. Il les vendait aux touristes désireux de ramener chez eux un souvenir de Nice.

Le plafond de l’opéra

Tous ceux qui fréquenten­t l’Opéra de Nice connaissen­t le travail de Costa sans le savoir : c’est lui qui a réalisé les peintures du plafond du bâtiment lors de sa reconstruc­tion après l’incendie de 1881. Emmanuel Costa aimait le quai du Midi. C’est là, au numéro 13, qu’il installa son premier atelier, avant de déménager sur l’actuelle place du Palais de justice. C’est dans son atelier que l’artiste achevait les oeuvres dont il avait esquissé les dessins en extérieur.

L’historien niçois Jean-Paul Potron décrit ainsi le talent de l’aquarellis­te : « Costa a mis au point une formule qui rend ses oeuvres immédiatem­ent reconnaiss­ables : un site connu pris sous un angle original, un trait précis et nerveux, des couleurs en demi-teinte et des personnage­s ou de la végétation rythmant la compositio­n et marquant les différents plans. Enfin, un ciel céruléen séparé du site par de grandes masses nuageuses. »

Le quai du Midi créé en 1832

Le quai du Midi à Nice, qu’on appelait Riba dou Mijour, a été créé en 1832 par le Consiglio d’Ornato – organisme chargé de réorganise­r l’urbanisme niçois. Il longeait la terrasse qui avait été construite en 1731 le long de la mer, pour fermer le cours Saleya, après que Louis XIV fit démolir le château et les remparts. En 1865, avec le nouveau pont des Anges qui permet de traverser le fleuve côtier du Paillon, les habitudes des Niçois changent. Les gens se promènent désormais davantage sur la Promenade et délaissent le quai du Midi.

En 1917, à l’entrée en guerre des Américains, le général Goiran, maire de Nice, lui donna le nom qu’il porte toujours aujourd’hui, le quai des États-Unis. Mais le Midi est toujours à sa porte...

Emmanuel Costa fut un abondant témoin des paysages du comté de Nice de son époque

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