Les vidéos poétiques d’Ali Kasma à la Villa Sauber
Pour la première d’un nouveau programme, le NMNM propose pendant un mois de se plonger dans les oeuvres du vidéaste turc qui capture le temps en explorant l’homme au travail.
C’est une première que le Nouveau Musée National de Monaco baptise pour le temps des fêtes : le programme Winter Video Days. Une session d’exposition courte, d’a peine un mois, mettant à l’honneur la création vidéo, tendance forte de la création du XXIe siècle. Le premier invité est le Turc Ali Kasma, qui vit entre Paris et Istanbul et a notamment représenté sa patrie à la Biennale de Venise en 2013. Ses oeuvres aujourd’hui figurent dans plusieurs collections internationales, « et il propose pour ce projet au Nouveau Musée National de Monaco des oeuvres exclusives autour de son travail sur l’activité humaine » se réjouit le directeur des lieux, Björn Dahlström. Les photos d’Helmut Newton fraîchement décrochées, le rez-dechaussée de la Villa Sauber a donc été recomposé à la hâte pour ces Video Days en trois salles, comme de petits théâtres obscurs servant d’écrin aux créations du vidéaste turc. « Ce sont trois vidéos extraites d’une soixantaine créées par Ali Kasma, qui explore la dimension de l’homme au travail et ce rapport au temps » précise Guillaume de Sardes qui signe le commissariat de l’exposition.
De l’esprit littéraire au dragster
La pièce qui dégage le plus de force et de poésie s’intitule A House of Ink et compile 300 heures de rushes qu’Ali Kasma a collecté en côtoyant son compatriote Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature. De longues journées, il l’a filmé dans son quotidien, sa manière de vivre et de travailler à Istanbul. Sur trois écrans parallèles, défilent ainsi ces bribes instantanées : de l’encre posée sur le papier aux détails de son appartement du quartier de Cihangir. Comme une plongée dans son monde intérieur proposée aux spectateurs. On peut y passer quelques minutes, comme un long moment devant. Un peu plus loin, dans Sentimental, l’artiste confronte sur deux écrans distincts, toujours Orhan Pamuk en train de signer des manuscrits à la chaîne alors que sur l’écran opposé des prises de vues illustrent une conversation entre les deux artistes sur le sens de la création.
L’autre partie de l’exposition tourne autour du sport automobile, comme un écho à Monaco. Sauf qu’il ne s’agit pas de Formule 1 mais de dragster dans Top Fuel, troisième pièce vidéo, accompagnée d’une série de photos. Le film compte une quinzaine de minutes filmées autour d’une pilote finlandaise de dragster, Anita Mäkelä, que le vidéaste a suivi en marge de compétitions, capturant de longs plans séquences silencieux de la pilote et sa famille en se préparant à la course. Confrontés à d’autres images plus vrombissante de la course. Une oeuvre où l’artiste entend proposer « une méditation sur le temps et la quête d’absolu ». Et pour ceux qui veulent voir à quoi ressemble un dragster de près, un véhicule de ce type a été installé, pour prolonger l’exposition, dans les allées de la Collection des voitures de S.A.S. le prince de Monaco.