Monaco-Matin

L’éternité est derrière la porte

Deux fois sacrées, l’Argentine et la France visent une 3e étoile planétaire en finale du Mondial-2022 au Qatar.

- PHILIPPE CAMPS

C’est une histoire à dormir debout et à rêver d’une nuit blanche. Quatre ans après la campagne de Russie, l’équipe de France est à une marche du toit du monde, là où la vue sur le bonheur est imprenable. Il fallait être fou ou évaporé pour penser une telle chose possible quand le pays tout entier se lamentait devant l’inventaire des absents (Pogba, Kanté, Kimpembe, Maignan, Nkunku) autant qu’il gémissait face à la liste inquiétant­e des milieux de terrain aux petits pieds. C’était oublier un peu vite la capacité de résilience de ce groupe et de son sélectionn­eur qui ont vu partir Benzema et Lucas Hernandez sans bouger d’un cil. Les Bleus ont tout surmonté et ce n’est pas un virus, surgi de nulle part, qui va les dévier de cette quête, qui est celle d’une vie.

Si les Français ont la fièvre, c’est parce qu’ils sont sur le palier de la gloire et que les derniers mètres qui mènent à l’éternité sont toujours les plus difficiles à faire. Même pour ceux qui ont déjà franchi la porte de l’histoire en 2018 à Moscou. Une finale se moque pas mal du passé et si l’expérience est une canne qui aide à tenir debout, la fougue des premières fois peut aussi tout emporter sur son passage. Transcendé­e par tout un peuple qui paraît avoir migré au Qatar, l’Albicelest­e est prête à laisser sa peau pour un trophée qui déifierait Messi, alias ‘‘la Pulga’’, et ferait de ses guerriers des demi-dieux. Pour cela, il leur faudra gérer l’émotionnel et mettre du souffle là où l’air est rare tant l’événement est un sommet.

Un rapport de force incertain

On le sait : avec Didier Deschamps, les aventures sont collective­s et le jeu d’un pragmatism­e glacé comme l’hiver. Sur un fil face à l’Angleterre et même un trop long moment contre le Maroc, les Bleus sont tombés du bon côté évitant les tirs au but et sa loterie. On ne saluera jamais assez le rôle de Deschamps habité par la gagne, porté par une mission et dont le destin hors norme n’en finit plus de s’écrire du Stade de France à Loujniki jusqu’à Lusail, un lieu complèteme­nt improbable pour y devenir champion du monde. Sur le terrain, si le rapport de force entre les finalistes (l’un battu par l’Arabie Saoudite, l’autre par la Tunisie…) semble aussi excitant qu’incertain, le duel MessiMbapp­é bouscule la planète football et fera peut-être basculer le match. Pendant que le prodige bleu se presse sur les traces de Pelé, le génie argentin court derrière Maradona. On a connu des conquêtes moins prestigieu­ses. Surtout pour Messi dont c’est la dernière chance de rejoindre le Dieu Diego dans la mythologie et le coeur de tous les Argentins. Le temps joue pour Mbappé, mais la patience ne fait pas partie de sa panoplie. Ce soir, une seule de ces deux mégastars aura fait un pas de plus dans la légende. Ce soir, la France aura peut-être rejoint l’Italie (1934-1938) et le Brésil (1958-1962), seules nations à avoir conservé leur titre, dans l’histoire du sport roi. Ce soir, les Bleus auront, nous l’espérons, une étoile de plus au-dessus de leur tête et sur leur maillot. Si la première restera la plus belle et la deuxième la plus renversant­e, la troisième brillerait d’une lumière sublime et inattendue.

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(Photos Maxppp et AFP)
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