Monaco-Matin

Label Deschamps

- de VINCENT MENICHINI

Quand une personne passe une heure, chaque jour, sur ses coudes, à renforcer sa ceinture abdominale et à contempler le sol, elle a forcément du temps mais aussi un truc de plus que le commun des mortels, qui se lève le matin en pensant à la sieste d’après. Didier Deschamps, lui, démarre, donc, ses journées en effectuant 60 minutes de gainage, ce qui lui permettrai­t de se laver le corps et l’esprit. Le tout avant d’aller conquérir le monde, rien que ça. C’est l’histoire de sa vie, ce qu’il préfère mais qu’il a surtout le privilège d’accomplir tous les quatre ans, ou presque, ce qui s’apparente à une formidable habitude, à la portée de personne d’autre sur cette terre, mis à part lui. Le label Deschamps, si savoureux. Cette quête suprême, qui l’anime depuis plus de trente ans et l’enchante plutôt qu’elle ne hante ses nuits, en a fait un capitaine de légende en 1998 puis un sélectionn­eur d’exception en 2018, l’égal de Mario Zagallo et Franz Beckenbaue­r, les deux seuls, avant lui, qui avaient remporté le plus beau trophée du monde avec et sans les crampons aux pieds.

A une marche d’un nouveau sacre planétaire, Deschamps n’a jamais été aussi proche de décrocher une troisième étoile et de devenir l’un des plus grands entraîneur­s de l’histoire de son sport, récompensa­nt un savoir-faire à la française, une façon d’appréhende­r le football par un seul et unique prisme, celui du succès, avec ou sans la manière, ce qui n’est plus vraiment un sujet quand on gagne autant et par tous les temps mais une signature. Personne ne lui en voudra, ce soir, si la France bat l’Argentine sans que la magie n’opère. Encore moins sa femme, son fils et ses proches vers qui il se tournera, comme toujours, s’il fait encore déchanter les “Muchachos” pour rester, trois ans et demi de plus, sur le toit du monde.

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