Monaco-Matin

Rami : « On va stresser... »

Le champion du monde 2018 reste très proche du groupe France. Consultant pour TF1 sur ce Mondial, le Varois s’attend à une finale indécise mais donne un léger avantage aux Bleus.

- ROMAIN LARONCHE

A36 ans, Adil Rami joue toujours en Ligue 1, à Troyes, où l’objectif sera le maintien. Mais pendant ce Mondial, le défenseur a découvert un nouveau rôle, celui de consultant sur TF1, où son expertise et son humour apportent un vrai plus. Ultra-sollicité avant cette finale, il a accepté un entretien pour son quotidien régional.

Comment vit-on les dernières journées avant la finale ?

Déjà, ils vivent une aventure incroyable, je pense à eux très fort. Pour l’avoir connu en 2018, il faut savoir rester dans sa bulle. J’avais du mal à lire les messages, regarder les photos, vidéos des amis, des réseaux. J’évitais de les ouvrir, pour ne pas recevoir tous les compliment­s, voir la ferveur qu’il peut y avoir en France. Il peut y avoir un effet négatif.

Vous prenez autant de plaisir dans ce rôle de consultant ?

Je suis quelqu’un qui aime découvrir, donc j’aime ça. Je suis aussi dans la dernière partie de ma carrière et il faut que je pense à ma reconversi­on. Et là, je fais un travail lié à ma passion : je kiffe et j’apprends. Je parle de l’actualité, mais j’essaie aussi d’apporter une touche technique, tactique, de raconter des anecdotes et mon ressenti de footballeu­r.

Vous restez en contact avec le groupe France ?

Oui, mais depuis une semaine je ne leur parle plus. Je sais qu’ils ont trop de messages, je les laisse dans leur bulle.

Argentine-France : c’est une finale de rêve ?

Carrément, mais je préfère prévenir les Français. On va stresser pendant 90 ou 120 minutes. Parce que ça va être compliqué. Je connais Didier Deschamps, il ne va pas vouloir avoir la possession, mais plutôt profiter des espaces sur les contres. Alors, avec ce système, il faut s’attendre à voir nos joueurs défendre dans nos 30 mètres. On va devoir garder le coeur chaud mais surtout la tête froide car les Argentins vont essayer de demander des fautes, vont simuler... Il ne faudra surtout pas tomber dans le panneau.

Est-ce qu’il y aura un sentiment de revanche pour les Argentins (battus 4-3 en 8e de finale en 2018) ?

Bien sûr que oui. Pour ceux qui ont joué ce match et même pour ceux qui n’étaient pas là. Ils vont se dire : « vous les avez tapés, mais pas nous ». Et aujourd’hui, tout le monde connaît les références de Mbappé (auteur d’un doublé en 2018).

On parle beaucoup de Messi, mais n’est-ce pas réducteur. Il y a une belle équipe autour ?

Oui, il y a une belle équipe, mais pas au niveau de l’Equipe de

France. Pour moi, l’Argentine c’est surtout Messi. Sans lui, il n’y a pas un joueur qui soit capable de faire la différence à lui tout seul. Ok, ça a été le cas avec Alvarez en demi-finale (auteur d’un doublé), mais il a eu beaucoup de réussite, les contres favorables... Si tu enlèves Messi, l’Argentine n’est pas en finale. Je pense qu’on est plus armés qu’eux dans tous les compartime­nts du jeu. Il y a Mbappé, mais aussi Griezmann, Dembélé, Giroud, ou Rabiot qui peuvent faire la différence. Et il ne faut pas juger l’Argentine sur sa demi-finale. Ok, ils ont « tué » la Croatie (3-0), mais elle était fatiguée, pas au rendez-vous.

Qui sera chargé de s’occuper de Messi ?

Pas un défenseur. Ce sera plutôt aux milieux. Il faudra le coller de près tout le match, ne pas lui laisser de temps, surtout qu’il ne déclenche pas ses passes.

Vous êtes donc confiant ?

Confiant mais stressé quand même (rires). Je me rappelle de Clarence Seedorf, que j’ai eu comme coach à Milan, qui disait « malheureus­ement, le football n’a rien de logique ». Et en dixsept ans de carrière, j’ai plein d’exemples qui peuvent le confirmer. Il faudra qu’on soit concentrés, et forts dans nos temps faibles et réalistes dans nos temps forts.

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Si tu enlèves Messi, l’Argentine n’est pas en finale. Je pense qu’on est plus armés qu’eux dans tous les compartime­nts du jeu. ”

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(Photo Thomas Braut/TF1) Adil Rami a troqué le maillot de Troyes pour les habits de consultant pendant cette Coupe du monde.

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