Le Pérou toujours plongé dans un chaos politique
Le Parlement refuse l’organisation d’élections anticipées, auxquelles s’est engagée la nouvelle Présidente pour enrayer la contestation. TWITTER
La confusion régnait toujours hier au Pérou, enlisé depuis dix jours dans un bras de fer politique. La nouvelle Présidente, Dina Boluarte, a déclaré qu’elle resterait en fonction et a demandé au Congrès d’avancer les élections générales afin de mettre fin aux protestations déclenchées par la destitution de son prédécesseur, Pedro Castillo. « Que résoudrait ma démission ? [...] Je demande que l’on reconsidère le vote » de vendredi, quand le Parlement s’est prononcé contre l’avancement des élections générales de 2026 à 2023, a-t-elle lancé hier.
L’ancien Président en prison pour 18 mois
Dans un message télévisé à la nation, elle a déploré les violentes manifestations ayant débuté le 7 décembre et qui ont fait au moins 18 morts, dont des mineurs. Elles ont éclaté après que M. Castillo, un enseignant de gauche d’un modeste milieu rural, a tenté d’organiser un auto-coup d’État, en fermant le Parlement et en gouvernant par décret. Il a été arrêté alors qu’il tentait de rejoindre l’ambassade du Mexique pour demander l’asile. La justice a décidé jeudi qu’il resterait en prison pendant 18 mois, jusqu’en juin 2024, afin d’être inculpé pour rébellion.
Certains des décès sont survenus après des affrontements avec les militaires, autorisés à contrôler la sécurité intérieure dans le cadre de l’instauration de l’état d’urgence.
« Situation incontrôlable »
La Présidente a expliqué que les forces armées descendaient dans la rue « pour [...] protéger » les citoyens car « cette situation devenait incontrôlable » avec des « groupes violents ». Les manifestants exigent la libération du Président déchu, la démission de Mme Boluarte, la fermeture du Parlement et des élections générales immédiates. Les protestations les plus intenses ont eu lieu dans la région andine du sud du pays, très pauvre, où les réclamations sociales ont été mises en attente. Par ailleurs, l'aéroport de Cuzco, capitale touristique du pays, a rouvert vendredi après-midi, permettant le début de l'évacuation de quelque 5 000 touristes jusque-là bloqués dans la célèbre région du Machu Picchu.