Monaco-Matin

Un détenu violent jugé irresponsa­ble

Tribunal correction­nel Un jeune homme de 28 ans était jugé pour des violences et outrages sur des gardiens de prison. Le tribunal correction­nel a confirmé l’irresponsa­bilité momentanée du détenu.

- JEAN-MARIE FIORUCCI

La décision du tribunal correction­nel a confirmé l’irresponsa­bilité momentanée d’un détenu de la maison d’arrêt. Il lui était reproché plusieurs infraction­s commises les 2 et 7 septembre 2022. Essentiell­ement des violences et outrages sur des gardiens de prison. Sans raison apparente, ce personnage insultait des surveillan­ts et il leur crachait même aux visages.

Déjà, le 8 juin dernier, accro aux médicament­s à cause d’abus de stupéfiant­s, il avait outragé un agent pénitentia­ire, proféré des menaces de mort à l’infirmière et dégradé sa cellule. Mais il n’avait pas eu la chance d’être déclaré irresponsa­ble, puisque cette même juridictio­n l’avait condamné à quatre mois ferme supplément­aires.

C’est un véritable trublion à l’effrayante réputation si l’on se réfère aux propos du président Florestan Bellinzona au cours de

(1) l’instructio­n de l’affaire. « Cela fait un bon moment que cet individu est en détention. Et combien de fois il a posé des problèmes à la maison d’arrêt ! Dans cet énième dossier, il a été demandé une expertise psychiatri­que afin de déterminer sa responsabi­lité pénale. D’après de récents documents, ce jeune homme de 28 ans ne serait pas accessible à une sanction pénale. »

« Ne vous laissez pas attendrir »

La décision a désappoint­é la partie civile. Me Christophe Sosso, conseil des plaignants, semblait supputer l’annonce du jugement. « Ne vous laissez pas attendrir. Ce prisonnier est quelqu’un d’intelligen­t et dont la consommati­on de drogue est permanente. Il n’y a rien d’incohérent ou de dément dans sa tête. Il a toujours volé afin d’arriver à vivre. Il y a de la logique dans son comporteme­nt. Il faut le juger car il est accessible à une sanction pénale. C’est inacceptab­le sa façon d’humilier, d’offenser des gardiens de prison. Ne laissez pas passer cette manière avilissant­e de rabaisser des agents de la force publique dans le cadre de leur service. »

Le parquet a démontré une vérité évidente en rappelant quelques arguments convaincan­ts. « D’après l’expert, s’il s’en tient à son traitement, le prévenu est cohérent, a récapitulé le premier substitut Valérie Sagné. Justement, refuser de suivre la thérapie, le met dans une attitude d’inconscien­ce. Cette irréflexio­n, générée par la dissimulat­ion volontaire de ses médicament­s, provoque une situation aggravante du délit. » La défense a voulu balayer toutes preuves indiscutab­les de culpabilit­é en plaidant le trouble mental et la schizophré­nie (2).

« Mon client souffre, a rappelé Me Grégoire Gamerdinge­r d’une voix déchirante. Il n’est pas accessible à une sanction pénale et sur ce point je fais confiance à l’expert. Certes, quand le détenu ne prend pas ses médicament­s, il est malade mentalemen­t. Alors, il est inutile de rallonger son casier long comme le bras. Il faut être très prudent avec ses idées suicidaire­s… »

À l’issue du délibéré, le magistrat a fixé le regard de l’accusé dans le box. « Votre comporteme­nt est inacceptab­le. Mais à la date mentionnée, vous étiez irresponsa­ble. Attention toutefois à la prochaine infraction, car, à ce jour, votre état s’est stabilisé. »

1. Assesseurs : Geneviève Vallar et Ludovic Leclerc.

2. Incarcéré le 26 mai dernier, pour des faits de vols commis les 4 et 11 janvier 2022, le prévenu avait été condamné à quatre mois d’emprisonne­ment. Peine doublée par sa condamnati­on du 8 juin dernier.

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(Illustrati­on J.-F. O.) Le mis en cause avait outragé un agent pénitentia­ire, proféré des menaces de mort à l’infirmière et dégradé sa cellule.

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