Monaco-Matin

Il a pris rendez-vous

Randal Kolo Muani a été l’auteur d’une entrée tonitruant­e, pleine de peps. Il a obtenu le premier penalty et il a aussi transformé son tir au but en force.

- CHRISTOPHE­R ROUX

Les coachs répètent à l’envi que les remplaçant­s ont un rôle à jouer. Qu’un match ne se joue pas à onze mais à vingt-trois et désormais à vingt-six, dans un monde post-Covid. Dans le microcosme du football, où la titularisa­tion est attendue comme un billet gagnant de loterie, où chacun entend jouer chaque minute de chaque match, ce discours s’apparente souvent à des éléments de langage, à une forme de communicat­ion. Il convient de ménager les ego, de garder tout le monde sous pression et dans le collectif.

Du culot

Hier, c’était bien plus que des mots et un ressort psychologi­que. Randal Kolo Muani a mis tout ça en pratique. Il a bondi du banc avant la pause. Il a remplacé un Ousmane Dembélé à côté de ses pompes, maladroit et incapable de faire des différence­s. Pendant quarante minutes, Nicolas Tagliafico n’a jamais été bousculé, pris de vitesse ou même contrarié. Il a bouclé son couloir en sifflotant.

À 24 ans, le natif de Bondy a changé la face du match. Il a ramené de la vie et de l’énergie à une équipe amorphe. Il a gagné ses duels et bataillé avec un culot monstre.

Et il a embarqué les siens dans sa foulée. Sa capacité à mettre de l’impact n’est pas une surprise. Il l’avait déjà démontrée face à la Tunisie lors du dernier match de poule (0-1), puis en demi-finale contre le Maroc (2-0), jour de son premier but en sélection. Sa moelle avait déjà de quoi susciter l’admiration. Il a encore pris du galon hier. Il a refait le coup dans une finale de Coupe du monde, dans un sommet du jeu et de pression. Il n’a pas calculé ni tergiversé. Il a pesé

sur la défense argentine jusqu’à la déchirer et l’user.

La gloire au bout du pied

Il a pris de vitesse Otamendi pour obtenir le premier penalty (80’). Puis son pied n’a pas tremblé pour convertir son tir au but. Il l’a frappé au centre et en force, devant Martinez, un spécialist­e de l’exercice. Ce même gardien qui lui a fait barrage à l’ultime seconde de la prolongati­on. Le portier argentin s’est déployé alors que l’attaquant de

Francfort avait la balle de match au bout du crampon. Dans le sillage de Kylian Mbappé, auteur d’un triplé, il aurait pu être l’autre héros de cette finale si les Bleus avaient été sacrés. Battu, il a simplement pris rendez-vous pour l’avenir. Dans l’optique de l’Euro-2024 en Allemagne, la prochaine échéance de l’équipe de France, et s’il reste sélectionn­eur, Didier Deschamps se souviendra de ses entrées toniques. L’histoire est belle pour l’exattaquan­t du FC Nantes. Lui qui s’était invité dans l’avion pour le Qatar sur le gong, le jour du départ. Il a pallié le forfait de dernière minute de Christophe­r Nkunku, trahi par son genou. Il y a trois ans, il évoluait encore en National du côté de Boulogne, prêté par les Canaris. Malgré son jeune âge et son ascension fulgurante, il a vite compris où il avait mis les pieds. Dans un Mondial, tout est décuplé. « Les matchs sont de plus en plus tendus, disaitil avant la finale. Il y a beaucoup de combats, de batailles, ça devient de plus en plus physique sur la fin. Ça se ressent sur le terrain. »

À la vitesse où il apprend, Kolo Muani ne restera pas longtemps à 5 sélections.

 ?? (Photos Maxppp) ?? L’attaquant de Francfort a été l’un des meilleurs joueurs français, hier. Il a obtenu le premier penalty, accroché par Otamendi.
(Photos Maxppp) L’attaquant de Francfort a été l’un des meilleurs joueurs français, hier. Il a obtenu le premier penalty, accroché par Otamendi.
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