Monaco-Matin

La « sophrologu­e » aux pouvoirs « magiques » arrêtée à la barre du tribunal de Grasse

- JEAN STIERLÉ

Déjà condamnée le 4 avril 2019 par le tribunal judiciaire de Grasse dans l’affaire « Paradise cats » (16 mois de prison dont six avec sursis, notre édition du 5 avril 2019), Joëlle Moulard, 63 ans, native d’Oran (Algérie), comparaiss­ait à nouveau le 27 octobre dernier devant la juridictio­n. Poursuivie pour « abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne vulnérable et violences habituelle­s suivies d’incapacité supérieure­s à 8 jours », la prévenue, présente à l’audience tentait de dissimuler son embarras.

Se prétendant sophrologu­e et médium, c’est par ses « pouvoirs magiques », facturés à 200 euros la séance, et des rituels de pacotille qu’elle attirait et abusait ses victimes.

« J’étais devenue son esclave »

Présidente d’une associatio­n de protection d’animaux abandonnés, elle recueillai­t les félins en détresse dans sa villa de Biot, surnommée à l’époque « la maison de l’horreur » (1).

Dans le cadre de cette étrange double activité ésotérique et de protection animale, elle faisait preuve d’une incroyable emprise sur les gens qu’elle « employait », dans ce refuge de misère. Comme cette jeune femme, très affectée par la disparitio­n de son père à l’âge de 19 ans : « J’étais sa fille spirituell­e. Elle me demandait de mettre la photo de ma mère au congélateu­r, prétendait pouvoir communique­r avec les morts et mon père, en allumant des bougies, en dessinant des croix de sel sur le sol et en attachant des rubans rouges. Elle était habitée selon elle par l’archange Gabriel ! J’ai été jusqu’à hypothéque­r mon appartemen­t car je devais l’aider, c’était ma mission. Je lui ai prêté 175 000 euros, jamais remboursés. J’étais devenue son esclave ».

Coups, insultes et menaces

Deux autres victimes ont révélé les mauvais traitement­s subis comme aides bénévoles au refuge. Des coups, des insultes et des menaces En réponse aux questions des magistrats, Joëlle n’a balbutié que quelques mots inaudibles, enfermée dans un quasi-mutisme.

Le tribunal a décidé de rendre son délibéré ce 14 décembre. Revenue libre ce jour-là écouter sa peine, la prévenue a été condamnée à 5 ans de prison dont 2 avec sursis probatoire pendant 3 ans, et mandat de dépôt à la barre.

Elle est ressortie menottes aux poignets devant le public médusé. 1. Après son expulsion, une dizaine de chats laissés à l’abandon avaient été retrouvés raides morts, faute de soins.

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