Monaco-Matin

EN LIBRAIRIE Le foot dans le cent

Le livre de Bernard Morlino (100 matchs de foot légendaire­s) est une bible à lire et à offrir. Ne cherchez plus le cadeau de Noël idéal pour les passionnés.

- PH. C. 100 matchs de foot légendaire­s (de 1872 à nos jours). Editions Gründ. 24,95

Ace rythme-là, c’est lui qui va entrer dans la légende. Les livres de Bernard Morlino sont des cadeaux qu’il faut s’empresser de lire et d’offrir. Après Vintage Football Club qui était un régal, voici 100 matchs de foot légendaire­s qui est une prouesse. L’écrivain niçois passent les matchs au microscope et les hommes à la loupe. Le résultat est passionnan­t. Comme l’est l’auteur qui a le foot dans le sang et l’écriture dans la peau. Il faut lire Morlino. C’est un conseil d’ami.

Votre livre est sublime, mais il va manquer Argentine-France, la finale du Mondial...

Je parle à chaud. J’ai mal. Je suis dévasté pour Mbappé qui marque trois buts et son tir au but et qui perd la finale. Que dire ? Sinon souffrir. Il faut saluer Didier Deschamps qui a transformé la sélection en club. Il a créé un état d’esprit. En 1982, après notre éliminatio­n par la RFA en demi-finale, j’aurais crié au fou si quelqu’un m’avait dit : en 2022, la France disputera sa quatrième finale de Coupe du monde. Avec un Nissart : Hugo Lloris au sommet de son art. Sa constance est exceptionn­elle

Etiez-vous pour le boycott du Qatar ?

Non. Une fois que le vote est passé, il fallait y aller. Je ne vais pas entrer dans le débat pour ou contre. Comment un journalist­e peut-il condamner un événement avant son déroulemen­t ? Le boycott est ridicule quand on sait que Jesse Owens a été la vedette la plus acclamée des JO de Berlin en 1936 avant de rentrer aux EtatsUnis où il ne pouvait pas prendre le bus parce qu’il était noir. Il y a des vérités qui ne sont pas bonnes à entendre.

Vous pratiquez la politique de l’autruche ?

Pas du tout. Kylian Mbappé est le plus grand ambassadeu­r du Qatar. Comment font-ils les bienpensan­ts à supporter le PSG tout en vomissant sur le Qatar ? Je ne pratique pas l’indignatio­n à géométrie variable. Le Qatar a organisé plus de soixante matchs dans le tournoi final, sans incident alors que la France n’a pas su sécuriser la finale de la C1 2022 au SDF qui fut une honte mondiale. Quant aux morts sur les chantiers des stades construits, j’aimerais qu’on me renseigne davantage sur les ouvriers disparus lors de la constructi­on du Château de Versailles qui a duré plus de cinquante ans.

« Brésil-Italie 70 pour toujours» Pourquoi écrivez-vous sur le sport depuis tant d’années ?

Il y a des romanciers, je suis mémorialis­te. Enfant, je jouais à l’Union sportive de Villefranc­he, milieu de terrain. Là j’ai pris le virus mais j’aimais aussi beaucoup lire les articles sur le football. J’attendais que mon père arrive du travail avec L’Espoir, l’édition du soir de NiceMatin. Je me ruais sur les pages sports pour dévorer la rubrique Cancans à gogo, de Julien Giarrizzi. Quand j’étais minime, je désespérai­s d’avoir un corps d’adulte, je grandissai­s trop lentement. Alors je me suis davantage projeté journalist­e que joueur profession­nel. Je voulais plus devenir Julien Giarrizzi, la plume de Nice-Matin que Dominique Rustichell­i, l’attaquant de l’OGC Nice qui a illuminé mon enfance.

Dans l’album, y a-t-il un match de l’OGC Nice en lumière ?

Je cite le triplé de Vic Nurenberg, en 1960, contre le Real Madrid (3-2), et le 6-0 infligé à Strasbourg en 1990. Bien sûr, la finale de la Coupe de France 1952. Le Gym a battu Bordeaux 5-3, c’est la plus belle finale de la compétitio­n. Je l’ai sélectionn­ée aussi parce que c’est le premier match télévisé en France. A l’époque, la télé était de la science-fiction… Je mets aussi en lumière le Monaco de Douis, Théo et Hidalgo. Après-guerre, le football n’intéressai­t que les pratiquant­s, comme mon père qui avait fondé avec ses amis une équipe au Col de Villefranc­he. C’est lui qui m’a appris que le plus grand joueur s’appelait… Impondérab­le !

Pourquoi cette passion du football ?

Dans ma famille c’est une religion, mes racines italiennes développen­t encore plus l’amour du foot, mais avec le temps j’ai compris que la passion ce n’était pas le plus important. C’est René Marsiglia qui m’a fait comprendre qu’il fallait plutôt avoir de la compétence, c’est-à-dire prévoir. En football, être spécialist­e ne veut rien dire. Le football est plus fort que tout. Dans chaque match que je vois, je veux voir gagner le football. Ce sport est le plus grand scénariste de la terre. Le football est devenu le spectacle phare. Avant on parlait de Gérard Philipe. Maintenant la vedette s’appelle Kylian Mbappé. Pendant les Coupes du monde, les sélectionn­eurs prennent la place des présidents de leur pays respectif.

Dans votre album sur Les 100 matchs légendaire­s du football quel est le plus grand à vos yeux ?

Brésil-Italie, la finale de la Coupe du monde 1970, 4-1 pour les Brésiliens.

Je l’ai vue en noir et blanc sur un poste à l’ancienne. En direct. Inoubliabl­e ! Les Brésiliens avaient un onze d’anthologie avec notamment quatre virtuoses : Gerson, Tostao, Rivelino et Pelé. Du football panache, des passes au millimètre, une intelligen­ce de jeu de chaque instant. De la beauté pendant 90 minutes. Je n’ai plus jamais revu un tel récital.

Vos footballeu­rs préférés ?

Sans hésitation : Pelé, Maradona, Di Stefano, Puskas et Cruyff. Je n’arrive pas à en retirer un seul pour mettre à la place par exemple, Messi, Platini ou Zidane. Pelé et Maradona sont au-dessus de tous. Di Stefano a mis en route le Real Madrid pour en faire le plus grand club du monde. Puskas était à la fois un champion et un humaniste. Et Cruyff a révolution­né le football, avec son look, sa grâce et son intelligen­ce.

Côté français, vos chouchous ?

Ben Barek, Kopa, Piantoni, Uljlaki, Bonifaci, Mekhloufi, Platini, Giresse, Cantona, Zidane… mais aussi plein de défenseurs, comme Mattler et Trésor. En bon Niçois que je suis, j’ai une passion pour Charly Loubet. Il a enchanté ma jeunesse. S’il jouait aujourd’hui, il serait au Real Madrid, à Liverpool ou à Manchester City. Sa vitesse et sa qualité de débordemen­t étaient exceptionn­elles. Quand il se penchait, j’avais l’impression que sa tête touchait la pelouse ! C’est l’un des plus grands ailiers de l’Histoire et pas que française. Aucun joueur n’efface un autre joueur. Il suffit d’avoir de la mémoire. Le parcours de Loubet reste présent. Il suffit de penser à lui.

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(Photos Maxppp et DR) 22 juin 1986 (Argentine-Angleterre, quart de finale du Mondial au Mexique) : Maradona marque deux buts mythiques. La main de Dieu puis le plus beau but du XXe siècle (ci-dessus). Un chef-d’oeuvre.
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Le Roi Pelé lors de la finale 1970. Le match des matchs.
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