Le prospectus, c’est bien plus que du papier !
Plusieurs enseignes annoncent la fin de la distribution de leur prospectus, pour « économiser les ressources ». Elle s’explique surtout par la flambée du prix du papier. Mais au verso de ces pages, il y a des emplois et un lien social parfois insoupçonné. Bien évidemment, les prospectus ont un impact environnemental. C’est pour cela que nous les réduisons de 30 % dès 2023, notamment en ville. Dès 2015, Système U a été la première enseigne à utiliser du papier issu de forêts gérées durablement. Nous avons banni les éléments nocifs altérant le recyclage, au profit d’encres « blanches ». Nous ne travaillons qu’avec des imprimeurs certifiés. Bien trié, le papier peut être recyclé jusqu’à cinq fois !
Par ailleurs, croire que le numérique n’a pas lui aussi un impact est une erreur. Il est trop simple de faire preuve de démagogie et de raisonnements simplistes. Ne laissons pas les géants du numérique, qui ont la particularité de n’être ni Français, ni même européens, se gaver avec la digitalisation et nos données. N’oublions pas que des décisions brutales laisseront une partie des Français sur le bas-côté. Système U est l’enseigne des territoires, où 60 % de nos clients plébiscitent encore nos prospectus. À certains endroits, l’expérimentation « Oui Pub » montre que plus d’un quart de la population locale la réclame. Les consommateurs me le disent lorsque je suis dans mon magasin en Alsace. Ils le disent à mes collègues dans le Lot, en Vendée, en Anjou… Pourquoi ? Parce que ce prospectus représente pour eux le guide quotidien de leurs économies, plus que jamais utile en ce moment. Les clients ont besoin de repères et de connaître les prix proposés aux alentours avant de prendre leur voiture. Le prospectus est alors une puissante arme de comparaison entre enseignes, qui plus est en période de fêtes. Selon l’Ademe, 40 % des prospectus seraient jetés sans être lus… Près des deux tiers sont lus et donc utiles !
Penser que passer du papier à l’écran se ferait en un claquement de doigts, c’est mal connaître la réalité de nos territoires. Oui, la France réduit sa fracture numérique, mais de nombreux Français restent encore très éloignés du tout digital et du règne de l’impalpable. Supprimer les prospectus, alors que certains n’ont même pas d’accès à internet, c’est tout simplement faire fi d’une partie de la population, de certains de nos aînés. Ce débat les renvoie encore une fois à ce sentiment de déclassement et de ne plus être à la page. Qu’allons-nous dire enfin aux 60 000 personnes qui travaillent à l’impression et la distribution de ces prospectus en France ? En 2020, nous décidions chez U de relocaliser toutes nos impressions. Un choix coûteux, mais utile pour la souveraineté que nous défendons. Deux ans après, je veux dire à ces salariés (nos clients dans les territoires !) : poursuivons notre transition ! Inventons le prospectus de demain, qui manifestement n’existe pas encore, tant les alternatives crédibles manquent. Sur ce sujet comme sur tant d’autres, nous manquons cruellement en France de l’anticipation collective de l’avenir de nos filières et de l’accompagnement des transitions qu’elles doivent nécessairement suivre. Nous serons peut-être les derniers à proposer un prospectus, car nous ne prendrons pas de décision sans en anticiper les conséquences. Être commerçant autrement, c’est justement avoir la sagesse de ne pas faire comme les autres.