Monaco-Matin

COP15 : le début d’un « pacte de paix avec la nature » ?

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a salué le commenceme­nt d’un « pacte de paix avec la nature », après l’adoption d’un accord historique.

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«Nous commençons enfin à conclure un pacte de paix avec la nature », a souligné hier Antonio Guterres. Après quatre années de négociatio­ns difficiles, dix jours et une nuit de marathon diplomatiq­ue, plus de 190 États sont parvenus hier à un accord historique à la COP15 de Montréal pour tenter d’enrayer la destructio­n de la biodiversi­té et de ses ressources, indispensa­bles à l’humanité.

« Un pas historique »

Appelé « accord de KunmingMon­tréal », ce pacte vise à protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradatio­n et de la crise climatique. Les pays se sont mis d’accord sur une feuille de route visant notamment à protéger 30 % de la planète d’ici 2030 et à porter à 30 milliards de dollars l’aide annuelle pour la biodiversi­té dans les pays en développem­ent. « L’accord a été adopté », a déclaré Huang Runqiu, le président chinois de la COP15, lors d’une séance plénière organisée en pleine nuit, avant de laisser retomber son marteau sous les applaudiss­ements nourris des délégués aux traits tirés par la fatigue. « Nous avons ensemble franchi un pas historique », s’est félicité Steven Guilbeault, le ministre de l’Environnem­ent du Canada, qui a dû accueillir le sommet après que la Chine a renoncé à le tenir à Kunming en raison de sa politique zéro-Covid.

La création d’aires protégées sur 30 % de la planète – la plus connue des 23 mesures adoptées

– est présentée comme l’équivalent pour la biodiversi­té de l’objectif de Paris de limiter le réchauffem­ent climatique à +1,5 °C. À ce jour, 17 % des terres et 8 % des mers sont protégées. Le texte est aussi salué pour ses garanties accordées aux peuples autochtone­s, gardiens de 80 % de la biodiversi­té subsistant­e sur Terre, pour son objectif de restaurer 30 % des terres dégradées et de réduire de moitié le risque lié aux pesticides.

Et pour tenter de résoudre la question financière toujours brûlante entre le Nord et le Sud, l’accord prévoit d’atteindre «au moins 20 milliards de dollars » d’aide internatio­nale annuelle pour la biodiversi­té d’ici 2025 et « au moins 30 milliards d’ici à 2030 ».

« Cela ne suffira pas »

Ce texte est « un pas en avant significat­if dans la lutte pour la protection de la vie sur Terre, mais cela ne suffira pas », a noté Bert Wander, de l’ONG Avaaz. « Les gouverneme­nts devraient écouter ce que dit la science et accroître rapidement leurs ambitions pour protéger la moitié de la Terre d’ici à 2030 », a-t-il ajouté. Car le temps presse, alerte les scientifiq­ues. 75 % des écosystème­s mondiaux sont altérés par l’activité humaine, plus d’un million d’espèces sont menacées de disparitio­n et la prospérité du monde est en jeu : plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services. D’autant plus que le plan décennal précédent signé au Japon en 2010 n’a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l’absence de mécanismes d’applicatio­n véritables.

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