Monaco-Matin

Des résidents temporaire­s pour lutter contre les squatteurs

- V. W.

Et si, pour lutter contre les occupation­s illégales, la solution était tout simplement de proposer son bien vacant à une occupation temporaire ? Ce concept, importé des Pays-Bas et développé en France depuis 2019 par la société VPS, connaît un succès grandissan­t depuis la crise sanitaire.

Une « protection par occupation » agrée par l’État et rendue possible par la loi de mobilisati­on pour le logement et la lutte contre l’exclusion de 2009. Une modificati­on du texte dans le cadre de la loi Elan en 2018 autorise désormais les bailleurs disposant de locaux vacants à les confier à des sociétés comme VPS, spécialisé­e dans la sécurisati­on de biens immobilier­s. Celles-ci se chargent d’y placer des résidents temporaire­s en échange d’une indemnité mensuelle ne pouvant dépasser 200 euros.

Une aubaine pour les mairies, les bailleurs sociaux ou les entreprise­s qui disposent de locaux en attente de changement d’affectatio­n et qui souhaitent éviter d’énormes frais de gardiennag­e ou de murer portes et fenêtres pour ne pas voir leur bien-être squatté.

« Nos clients possèdent des Ehpad désaffecté­s, des hôtels, des immeubles de bureaux, déroule Antoine Allaire, directeur de la filiale VPS Résidents temporaire­s. Il y a même des personnes qui nous proposent leur villa, même si c’est plus rare. Nous signons une convention d’occupation temporaire puis nous installons des résidents qui sont soit des actifs célibatair­es, soit des étudiants. Nous n’accueillon­s pas de famille ou de personnes avec des enfants. »

Car le contrat n’a rien d’un bail et reste précaire. La durée de l’occupation, plafonnée à 18 mois, est en effet aléatoire. Le confort, lui, est sommaire selon le bien proposé à l’occupation, même si tous les locaux proposés sont salubres et disposent d’une chambre et d’une douche.

Gardiennag­e déguisé ?

« Tout le monde y trouve son compte, assure Antoine Allaire. Cela ne coûte rien au propriétai­re, qui voit ses locaux occupés et évite ainsi un éventuel squat. De son côté, le résident ne paye que 200 euros par mois. Aucune caution ni salaire minimum ne sont requis. C’est une solution idéale pour des étudiants ou des travailleu­rs saisonnier­s. »

Dans le Var, grâce à un partenaria­t avec le ministère de l’Intérieur,

VPS accueille du personnel en mission temporaire, « comme des forces de l’ordre en déplacemen­t ». Dans les Alpes-Maritimes, c’est un Ehpad et un immeuble de bureaux qui ont été jusqu’à très récemment proposés à l’occupation. « Nous avons également quatre ou cinq maisons individuel­les dans la région, mais bien souvent les propriétai­res souhaitent que leur bien leur rapporte de l’argent. Ce n’est pas le schéma que nous leur proposons. »

Certaines associatio­ns voient néanmoins dans cette occupation temporaire une sorte de gardiennag­e déguisé avec des locataires jetables. Antoine Allaire assure pour sa part aider « des gens qui n’ont pas accès aux logements sociaux ». Et surtout les propriétai­res qui craignent de vivre des mois de marathons judiciaire­s pour récupérer leur immeuble squatté.

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