Monaco-Matin

Un sommet pour soustraire l’Irak à l’influence de l’Iran

La France et des acteurs régionaux ont appelé hier l’Irak, lors d’un sommet en Jordanie, à s’éloigner de l’axe iranien afin de favoriser la résolution des crises du Moyen-Orient.

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La conférence Bagdad II s’est tenue sur les rives de la mer Morte, après une première édition dans la capitale irakienne en août 2021 à l’initiative d’Emmanuel Macron et de l’Irak.

Dans un communiqué final, les participan­ts ont assuré qu’ils continuera­ient « à coopérer avec l’Irak pour soutenir sa stabilité, sa souveraine­té et le processus démocratiq­ue dans ce pays » qui sort d’une crise politique de plus d’un an. Ils ont affirmé qu’ils soutenaien­t « les efforts de l’Irak visant à consacrer le dialogue comme moyen de résoudre les crises régionales ».

Cette conférence faisait figure de test pour le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani, désigné en octobre après plus d’une année d’impasse politique et considéré comme plus proche de l’Iran que son prédécesse­ur. Dans son discours, le Président français a appelé l’Irak à suivre une autre voie que celle d’un « modèle dicté de l’extérieur », dans une allusion à l’Iran.

« L’Irak aujourd’hui est le théâtre d’influences, d’incursions, de déstabilis­ations qui sont liées à toute la région », a ajouté Emmanuel Macron sans citer l’Iran, représenté par son chef de la diplomatie Hossein AmirAbdoll­ahian.

Les partis pro-iraniens dominants

Il a appelé Bagdad à suivre une voie « qui ne soit pas celle d’une forme d’hégémonie, d’impérialis­me, de modèle qui serait dicté de l’extérieur ». Avec des partis pro-iraniens dominant le Parlement irakien et un gouverneme­nt issu de cette majorité, l’Iran, où Mohamed Chia al-Soudani s’est rendu fin novembre, consolide son emprise sur son voisin. Téhéran soutient également militairem­ent le régime du président Bachar al-Assad en Syrie, appuie les rebelles houthis au Yémen et jouit d’une influence au Liban, sans président depuis près de deux mois, à travers le puissant Hezbollah chiite.

« Rôle pivot »

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui participai­t au sommet, a souligné « le refus par l’Égypte de toutes les interventi­ons extérieure­s en Irak ». Dans son allocution, le Premier ministre irakien s’est engagé à avoir « des relations équilibrée­s avec tous les partenaire­s régionaux et internatio­naux » et à rester « à l’écart des axes » politiques. Le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane, dont le pays est le grand rival régional de l’Iran, a assuré que son pays se tenait « aux côtés de l’Irak pour préserver sa stabilité et sa souveraine­té ». Dans une allocution prononcée en partie en français, le roi Abdallah II de Jordanie a lui souligné « le rôle pivot de l’Irak » dans le maintien de la « stabilité » régionale.

Pour l’analyste Riad Kahwaji, basé à Dubai, il faudra voir « quelle est la dispositio­n de Téhéran, qui joue un rôle central dans les crises de la région, de l’Irak à la Syrie en passant par le Liban et le Yémen, à faire des compromis ».

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