Le voyage du prêtre
De Hlynur Palmason (Danemark/Islande/France/Suède). Avec Elliott Crosset Hove, Victoria Carmen Sonne, Ída Mekkín Hlynsdóttir... Drame. 2 h 23. Notre avis :
L’histoire
À la fin du XIXe me siècle, Lucas (Elliott Crosset Hove), un jeune prêtre danois, arrive en Islande avec pour mission de construire une église et photographier la population. Mais plus il s’enfonce dans le paysage impitoyable, plus il est livré aux affres de la tentation et du péché…
Notre avis
Présenté dans la section Un certain regard au Festival de Cannes, le troisième long-métrage de Hlynur Palmason fut l’une des plus belles oeuvres présentées sur la Croisette et aurait sans aucun doute figuré très haut dans le Palmarès si elle avait été en compétition.
Dès ses premières images, Godland envoûte et séduit par son visuel. Le choix de tourner en format carré intrigue mais se justifie pleinement par le point de départ du projet : des photos du XIXe siècle qui ont inspiré le cinéaste, lui donnant envie d’imaginer leur histoire. Le travail sur l’image tient donc une place importante dans le récit et notamment lors de la première heure, qui emprunte aussi bien au western qu’au film de survie en milieu hostile.
Notre prêtre et le petit groupe qui l’accompagne doivent, en effet, composer avec la nature environnante et l’hiver enneigé. Autre facteur important : Lucas ne parle pas l’islandais, se confronte à la barrière de la langue et à ceux qui l’entourent, peu ravis de sa présence….
Beau et radical dans sa mise en scène, avec une gestion de l’espace implacable comme le Lost City Of Z de James Gray, et complexe au niveau des relations, le film dévoile au fur et à mesure sa profondeur.
La seconde heure marque un tournant et montre la communauté vivant autour de la construction de l’église. Malgré les apparences et l’arrivée de jeunes femmes qui pourraient apaiser ce petit monde viril, les rancoeurs sont amplifiées, laissant planer un drame à venir. Toute la force de Hlynur Palmason est alors de savoir doser ses scènes pour questionner le rapport entre ses convictions, ses croyances et la vérité, parfois multiple. La frontière est fine mais tourmente l’homme de foi, pris dans un étau qui se referme lentement mais sûrement sur lui, le conduisant inexorablement à la violence. La construction subtile et l’immersion viscérale finissent de faire tutoyer des sommets à cette Terre de dieu.