Monaco-Matin

Peines ferme et avec sursis pour deux voleurs

Tribunal correction­nel Un Biélorusse et un Italien, contrôlés par les policiers, étaient incapables de fournir la moindre preuve d’achat des courses effectuées au supermarch­é Casino.

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs: Geneviève Vallaret Ludovic Leclerc.

Deux « pieds nickelés », se sont approchés de la barre. Ils comparaiss­aient devant le tribunal correction­nel pour des faits de vol commis le 2 septembre dernier dans le supermarch­é Casino. C’est une drôle d’histoire, dans des conditions assez étranges, évoquée par le président Florestan Bellinzona (*). Elle met en scène les péripéties fallacieus­es d’un Biélorusse de 37 ans et d’un Italien de 45 ans. Respective­ment cuisinier et déménageur au noir, ces personnage­s d’un cynisme ubuesque étaient arrivés de Cannes en voiture dans la matinée. Leur véhicule tombait en panne au port de Cap-d’Ail.

Alors, sans trop se poser de question sur l’aide nécessaire d’une entreprise de dépannage, le duo préférait passer la journée à Monaco. En fin de soirée, ils revenaient sur leur pas pour reprendre leur automobile (pourtant en panne). Amère surprise : ils constataie­nt la crevaison d’un pneu…

Un contrôle à 5h30 du matin

« Comme il n’y avait plus de bus ni de train pour retourner dans la cité cannoise, a commenté le magistrat, vous vous installiez sur un banc du boulevard Albert-Ier afin de roupiller. Mais vers 5 h 50, des policiers vous sortaient de votre sommeil afin de procéder à un contrôle.

D’autant que vous étiez en possession d’un sac à l’effigie du supermarch­é tout proche. À l’intérieur s’entassaien­t gel, parfum, biscuits, rasoir, lames, whisky, canettes de boissons… Quand les agents vous interrogea­ient sur la provenance de ces affaires, c’étaient tout simplement des emplettes effectuées dans les environs. Dans l’incapacité de produire un ticket de caisse et désargenté­s, les fonctionna­ires vous demandaien­t de les suivre jusqu’à la supérette Casino. »

Versions contradict­oires et une vidéosurve­illance

En visionnant les enregistre­ments de la vidéosurve­illance, les images montraient les deux compères, quelques heures auparavant, en train de dérober les divers objets, pour un montant de 209,76 euros. S’ensuivait une succession de versions aux faits aussi invraisemb­lables que cela puisse paraître. « Dans un premier temps, énumère le président, certains produits ne venaient pas du supermarch­é. Puis, ils avaient été achetés à une personne russe qui n’était connue ni par l’un ni par l’autre. C’est un tel mélange que les propos sont mêmes contradict­oires suivant leur auteur. »

Finalement, le personnage d’origine slave estimait qu’il n’avait rien à voir dans cette affaire. Il n’avait rien volé. Il est à la recherche d’un emploi et il vit grâce à l’aide de parents.

Des produits de luxe

Dans leurs casiers judiciaire­s, des condamnati­ons pour stupéfiant­s et ivresse apparaisse­nt en 2012 et 2016. Autre particular­ité, ce même individu est connu sous trois identités différente­s dans le pays voisin.

Quant à l’Italien, son casier mentionne plusieurs vols et violences dans la cité cannoise. « Quand on est déménageur au noir, c’est être voleur, en a déduit le premier substitut Valérie Sagné. D’ailleurs, plusieurs objets concordaie­nt avec ceux manquant au supermarch­é. Et non des moindres ! Il s’agissait du butin le plus précieux : des produits de luxe achetés à un prix très promotionn­el. Il y a bien vol et recel de vol. Pour le premier prévenu, il est accessible au sursis à hauteur de quinze jours. Le second, avec son casier fourni en soustracti­ons multiples, ce sera le double et ferme. Mais vous pourrez assortir cette sanction du sursis. »

Le tribunal s’en est tenu aux réquisitio­ns du ministère public, avec le choix d’une peine ferme pour le second prévenu.

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(Illustrati­on J.-F. O.) Les deux hommes avaient subtilisé des produits de luxe au Casino.

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