Kinés : pourquoi la réforme inquiète le syndicat Alizé Saint-Laurent-du-Var
L’entité basée à proteste contre le calendrier de mise en application qui, selon lui, ne permet pas de « suivre l’inflation ». Il s’alarme quant à l’avenir du secteur.
François Randazzo président du syndicat de kinésithérapeutes Alizé, est inquiet. «On ne nous donne qu’un mois pour nous positionner », regrettet-il. « Aujourd’hui, le cycle de négociations conventionnelles, entamé il y a onze mois avec les organisations syndicales représentatives des kinésithérapeutes et la Caisse nationale d’assurance maladie, est achevé. Un des trois syndicats a validé le texte proposé par l’assurance maladie. Mais nous sommes deux syndicats à nous y opposer. »
Deux mille kinés azuréens
Le département des AlpesMaritimes compte quelque 2 000 kinés sur les 8 500 de la région Sud. Le syndicat basé à Saint-Laurent-du-Var, s’est positionné en deuxième place au plan national aux dernières élections professionnelles.
« Ce qu’on reproche à ce texte, ce n’est pas le montant de l’enveloppe proposé par l’assurance maladie qui est de nature à nous convenir. Mais c’est essentiellement le calendrier d’application des revalorisations qui est étalé jusqu’en 2025. Il ne nous permet pas, dans le contexte inflationniste actuel, de voir nos revenus suivre l’inflation. »
Selon François Randazzo, le revenu moyen des kinés a perdu 18 % par rapport à l’inflation depuis 15 ans. « Les 6 % supplémentaires de l’année 2022 ont porté un coup sévère à la capacité des kinés d’équilibrer leur activité. »
« On ne peut pas faire de la qualité »
Le syndicat s’inquiète également pour les jeunes kinésithérapeutes. « Les nouveaux diplômés vont être contraints d’exercer pendant les deux premières années de leur carrière, soit dans les déserts médicaux, soit en salariat. On avait un accord oral avec l’assurance maladie pour que ce soit conditionné au fait que les frais de scolarité des étudiants soient ramenés au niveau universitaire. »
Si le syndicat dit comprendre le besoin d’accès aux soins dans ces territoires, il entend que les jeunes n’attaquent pas leur carrière surendettés.
« Les frais de scolarité peuvent aller jusqu’à 10 000 euros par an. Les étudiants sortent avec des prêts impossibles à rembourser en salariat. Nous demandons l’alignement des frais de scolarité des écoles de kinésithérapie sur les tarifs universitaires. »
François Randazzo redoute une catastrophe pour sa profession. « Cela fait quinze ans que le décrochage par rapport à l’inflation s’opère. On ne peut décrocher éternellement. Ça va poser à moyen terme la question de la mort de notre profession. Nos structures sont coûteuses, avec des cabinets dotés de plateaux techniques coûteux. Continuer à faire de la kinésithérapie de qualité c’est devenu complexe aujourd’hui. Nous avons déjà augmenté le volume de travail hebdomadaire. Mais on est à la limite de cette possibilité. Aujourd’hui ça implique donc pour certains de prendre plusieurs patients en même temps, mais cela ne nous convient pas, car on ne peut pas faire de la qualité. » Le syndicat en appelle donc au gouvernement, évoquant une profession échaudée par ce « calendrier de la discorde ».