Ils sont les nouveaux visages de la solidarité
Ils sont âgés de 21 à 66 ans. Dans une année rythmée par les crises, ils ont décidé de mettre leur temps et leurs bras au service des autres. Ces bénévoles incarnent le refus de la fatalité dans les Alpes-Maritimes et dans le Var.
Elle était infirmière. Lui, informaticien. Elle était prof d’anglais. François Chantrait, lui, dirigeait le centre de presse de Monaco il y a quelques mois encore. À 66 ans, le voici à la retraite. Avec une tout autre mission au menu de ses journées : diriger un centre des Restos du coeur. Son quotidien s’écrit désormais au 20 boulevard Paul-Montel, à Nice, aux portes du quartier difficile des Moulins. François est entouré de Pascale, Jean-Michel, Monique, Marinette. Tous retraités. Tous bénévoles. « Tous différents. Et ça marche ! Il y a une dynamique, une énergie. » Il y a aussi le regard bienveillant de « notre bon Coluche », qui veille sur l’entrée du préfabriqué où sont stockés les vivres.
« La demande a bondi »
Il y a l’urgence sociale, aussi. Cette année de crises - guerre en Ukraine, après-Covid, crise énergétique, inflation galopante… - n’a fait que l’aggraver. En 2021, les Restos avaient servi l’équivalent de 2,3 millions de repas dans les Alpes-Maritimes, 145 millions en France. « On estime que la demande a bondi de 35 à 40 % en 2022 », soupire François Chantrait. Il voit affluer toujours plus de citoyens fragiles, notamment des familles monoparentales.
Alors François a décidé de s’engager. À l’approche de la retraite, ce sexagénaire a commencé à conduire des véhicules des Restos pour la « ramasse » de produits alimentaires auprès des supermarchés. « Quand je rentrais chez moi le soir, je me sentais vivant, utile. » Le néoretraité s’est rendu plus utile encore. Sans aucune notion de « sacrifice » ,nide « corvée ». « L’engagement qui nous lie est presque plus fort qu’un contrat de travail ! »
« Je me sens vivant »
Alors oui, il y a des jours plus difficiles que d’autres. Le 15 décembre, François et son équipe préparaient la distribution alimentaire à 6 h 30 sous une pluie battante, trempés jusqu’à l’os. Mais « l’esprit d’entraide » leur réchauffe le coeur. Une solidarité aux traits plutôt âgés et majoritairement féminine.
« Nos forces sont limitées, constate François Chantrait. On ne manque pas de bénévoles, mais de bénévoles disponibles. Il faut des gens qui ont un peu de temps à consacrer, quitte à ce que ce soit sur une journée. » Les Restos comptent déjà une armée de 700 000 bénévoles. D’autres peuvent les rejoindre. Pour faire, comme François, le choix du coeur.