À Draguignan, la rixe se termine à coups de sabre japonais
Dans le box des accusés du tribunal correctionnel de Draguignan, Jamel D. se veut calme et courtois. Disposé à apporter son concours à la justice malgré le temps passé et une condamnation par défaut à trois ans d’emprisonnement en octobre dernier.
Deux plaies de 10 et 15 centimètres
Mais sur les images de vidéosurveillance de la Ville, en ce 10 juin 2020 au soir, c’est un tout autre homme qui a abattu sa fureur - et son katana - sur la tête de Najeh B.. « J’étais avec deux amis au bar Le Bacchus quand Najeh est arrivé alcoolisé avec plusieurs personnes, raconte le prévenu. Ils nous ont provoqués, au point que le propriétaire nous a tous mis dehors. Tout le monde avait bu, c’est vrai… » Dans la rue de Trans, l’échauffourée se transforme en rixe. «On avait décidé d’en rester là, mais le groupe nous a agressés avec une bouteille. Ils nous ont frappés, mes amis étaient au sol. » Jamel a donc décidé de rentrer chez lui récupérer un sabre japonais « pour leur faire peur ». « Ils étaient environ dix. J’ai agité le sabre mais je n’ai pas tapé. »
Pourtant, les images disent le contraire. Le crâne de Najeh également. Victime d’un traumatisme crânien, le jeune homme a reçu trois coups de katana sur la tête, occasionnant deux plaies de 10 et 15 cm. Dans la bataille, il va également se luxer l’épaule. « Moi aussi, j’ai été blessé, à l’arcade et au nez » cherche à équilibrer le prévenu. « La victime fêtait ce soir son anniversaire, éclaire la procureure Laurence Barriquand. Il y a au départ une dispute à propos d’une dette de stupéfiants selon certains témoins. Ceux-ci vont affirmer que c’est Jamel D. qui va d’abord lancer une bouteille en direction de Najeh, qui va ensuite se servir du tesson pour se défendre. »
Lors de l’intervention de la police municipale, Jamel parvient à prendre la fuite. Il restera plusieurs mois dans la nature malgré un mandat d’arrêt émis à son encontre. Jusqu’à une plainte, le 2 novembre dernier, d’une propriétaire seynoise qui a vu Jamel lui présenter un sac contenant deux katanas alors qu’elle venait récupérer son loyer.
N’ayant pas jugé bon de s’adjoindre les services d’un avocat et malgré ses excuses, Jamel D. est condamné à 30 mois d’emprisonnement avec maintien en détention. À l’issue, il sera interdit du territoire pour une durée de cinq ans.