Monaco-Matin

Copropriét­aires engagés, audits : les leviers pour franchir le pas

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« Rénover énergétiqu­ement sa copropriét­é, c’est très compliqué, explique Marie-Christine Zélem. Il faut d’abord que les gens se mettent d’accord, et ensuite trouver les profession­nels adéquats. »

Sur le sujet, cette enseignant­e du CNRS a notamment coordonné l’ouvrage “Sociologie de l’énergie”. Prendre en compte la forme de la copropriét­é et les gens qui la composent mais aussi l’offre faite aux particulie­rs pour engranger des travaux, tels sont les défis à relever, notamment depuis la mise en place de la Loi Alur qui contraint les propriétai­res à élaborer un diagnostic technique global de leur immeuble.

● Une motivation avant tout économique

« La maîtrise de l’énergie est une préoccupat­ion secondaire par rapport à la réduction des charges ou au gain de confort », remarque ainsi Sylvaine Le Garrec, sociologue spécialist­e de l’habitat et des copropriét­és.

Autrice de l’article “Copropriét­aires « leaders » de projets de rénovation énergétiqu­e, des « porte-parole » de la transition énergétiqu­e ?”, elle constate : « La toute première motivation de ces copropriét­és est économique : il s’agit avant tout de chercher à diminuer les factures ». Ou valoriser un patrimoine qui pourrait pâtir de travaux non faits.

Parmi les travaux les plus engagés pour améliorer les habitation­s : l’optimisati­on de l’installati­on de chauffage, l’isolation de la toiture et des murs, le changement de la chaudière et des fenêtres.

● Désigner un “leader” du changement

C’est parce qu’il est difficile d’engager les travaux qu’en 2011, une étude a été lancée par le Plan Urbanisme Constructi­on Architectu­re (PUCA) du ministère de l’Écologie et l’Agence d’Améliorati­on de l’Habitat (ANAH). Objectif : déterminer qui, dans les copropriét­és, serait susceptibl­e d’accompagne­r la transition énergétiqu­e des bâtiments. Une figure définie comme “leader du changement”. Ces leaders énergétiqu­es viennent remuer les rôles traditionn­ellement maintenus dans les réunions de copropriét­és. Selon une étude réalisée par Sylvaine Le Garrec, 55 % ont plus de 60 ans, 28 % entre 39 et 59 ans, 18 % moins de 35 ans. Un sur trois est une femme.

Loin d’agir seuls, ils s’appuient sur une petite nébuleuse de copropriét­aires partageant leurs engagement­s.

« Sans ces personnes, la transition énergétiqu­e des bâtiments est compliquée car les copropriét­és sont habitées de personnes dont les revenus, les centres d’intérêt et les âges diffèrent », explique Marie-Christine Zélem.

● Se faire accompagne­r

Pour appuyer la rénovation énergétiqu­e, véritable enjeu, le gouverneme­nt a mis à dispositio­n le réseau France Rénov’. Conseils juridiques, techniques et financiers sont proposés par ce service.

Il est aussi possible de faire réaliser un audit, comme le recommanda­it la revue 60 millions de consommate­urs dans un numéro dédié à la rénovation énergétiqu­e. Ces audits réalisent notamment des diagnostic­s de performanc­e énergétiqu­e (DPE) permettant de comprendre comment améliorer l’habitation. Des DPE obligatoir­es progressiv­ement dès 2024 et 2026 pour certaines copropriét­és.

Ils peuvent être complétés par le diagnostic technique global (DTG) qui permet de cibler les travaux nécessaire­s à la réalisatio­n d’économies d’énergie.

Des sites comme “rénovonsco­llectif.fr” ou “coprosvert­es.fr” permettent de se faire accompagne­r au plus près des exigences et des dynamiques qui règnent en copropriét­és. Les Alec (Agences locales de l’Énergie et du climat) dispensent également des conseils. Ancrées dans les territoire­s, elles permettent une meilleure orientatio­n des usagers. « Le problème des rénovation­s, c’est qu’elles appellent souvent un vocabulair­e technique que les particulie­rs ne maîtrisent pas », explique Marie-Christine Zélem.

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(Photo d’archives C. D.) À Carros, des copropriét­aires installent un potager sur le toit.

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