Bonnet, la résurrection
Le flot de ses émotions reste tumultueux. Le stress et la pression peuvent encore la submerger parfois, mais Charlotte
Bonnet a retrouvé le plaisir de nager. Et c’est sans doute sa plus belle victoire de l’année. Quatre ans après sa dernière médaille internationale en individuel, la Niçoise est remontée sur le podium d’un grand championnat. Argentée sur le 100 m nage libre des championnats d’Europe à Rome, elle a rappelé qu’une championne ne meurt jamais. Dans un sport ingrat, où les kilomètres s’enchaînent dans l’anonymat chloré d’un bassin, traverser les tempêtes demande une carène en acier trempé. Bonnet en a une. Quand tout semblait noir, au bord de la retraite, la nageuse a trouvé un chemin vers la lumière. Elle a quitté Fabrice Pellerin pour Martigues et Philippe Lucas. En cherchant un nouveau discours et une autre méthode, loin du coach de ses premiers exploits olympiques et européens, l’Azuréenne s’est mise en danger. Elle a révélé ses failles et ses lacunes, s’est fixé de nouvelles ambitions. Elle a perdu 5 kg et accepté de souffrir une dernière fois. En 2024, les Jeux Olympiques seront à Paris, à la maison, où elle s’est promis de briller avant de raccrocher le maillot. Elle y parviendra, peu importent ses résultats. Pas question de banaliser un titre ou un podium, mais on a compris cet été qu’ils ne disent pas tout. En rendant visite à Charlotte à Martigues, bien des messages sont apparus. Résilience et sourire retrouvé sont d’autres trophées. Ils mériteraient leur place dans un CV. Quidams et spécialistes l’oublient parfois. Nous l’avions omis aussi, pauvre mortel.