Dans les Alpes-Maritimes et le Var, ces syndicalistes grondent
Pour eux, tout est à jeter. Sur le fond, comme sur la forme. Les syndicats de salariés sont en effet scandalisés par l’annonce de la réduction supplémentaire de la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi et la manière dont elle a été faite. Franck Hausner, secrétaire départemental de Force ouvrière (FO) dans les Alpes-Maritimes, et Jean Innocenzi, secrétaire départemental de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) dans le Var, ne font pas exception.
« Inacceptable et intolérable »
Tous deux estiment que l’exécutif s’essuie les pieds sur les corps intermédiaires. « Ils font ce qu’ils veulent, résume le premier, comme avec tous les budgets de l’État qui sont passés par le 49.3. Ils jettent le paritaire, pour passer en ligne droite, de façon verticale. » Et le second de confirmer, laconique : « Depuis 2014, les évolutions ne vont pas dans le bon sens. »
Dans tous les cas, « le message envoyé est inacceptable, intolérable, inadmissible, choisissez le mot que vous voulez ! », s’emporte Franck Hausner, par ailleurs membre de la commission exécutive confédérale de FO, avant d’expliquer : « On dit à l’ensemble des demandeurs d’emploi qu’ils sont là seulement pour profiter d’un système, qu’ils se complaisent dans ces situations. Pour 98 % d’entre eux, ce n’est pas le cas ! » Il pense notamment aux travailleurs de plus de 50 ans, en peine, du fait de leur âge, de décrocher un emploi.
Baisse mécanique du chômage
Dans le Var, Jean Innocenzi a, lui, surtout les jeunes en tête. Les moins de 24 ans, dit-il, dont 30 % des actifs sont au chômage dans le département. « Cette réforme va toucher les plus précaires, estime le patron de la CFDT 83, alors que le système social français est fait pour aider les gens en recherche d’emploi. Désormais, on leur met une épée dans le dos et on les contraint. Or, le retour à l’emploi ne peut pas être lié à une contrainte. » Un système d’autant plus « pernicieux », souligne à son tour Franck Hausner, que « mécaniquement, le taux de chômage va baisser ». Il détaille : « Ceux qui sont arrivés en fin de droits bénéficieront des minima sociaux et sortiront des statistiques. On atteindra donc un taux de chômage inférieur à 6 % et on pourra alors réduire la durée d’indemnisation de 15 % supplémentaires pour atteindre les 40 %. »
Le syndicaliste varois rebondit sur les disparités que ces nouvelles règles pourraient créer, les taux de chômage départementaux ne reflétant pas toujours la situation nationale. « Dans le Var, on est à 8,4 % de demandeurs d’emploi », illustre-t-il. Il estime ainsi que cette réduction de la durée d’indemnisation ne peut régler ni le manque de candidats dans certains domaines, ni faire baisser le chômage. « Ce qu’il faut, plutôt que de faire des économies qui ne représenteront pas grand-chose sur un budget total de 39 milliards d’euros, c’est investir dans la formation ! »