Monaco-Matin

Nice : menacés et frappés à cause de leur homosexual­ité

Trois jeunes gens ont été molestés, dans la nuit de lundi à mardi, sur le Cours Saleya, par quatre individus. Une agression considérée comme homophobe selon les victimes. Une plainte a été déposée.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

La police nationale a été alertée à un peu plus de 2h30, mardi, par un jeune homme, choqué, qui leur indiquait avoir été avec deux amis « menacés de mort », « insultés » puis « frappés », par un « groupe de quatre individus » sur le Cours Saleya à Nice. Une agression à caractère homophobe.

« Nous prenons très au sérieux ces affaires », indique un porte-parole de la police nationale qui ajoute que toutes les investigat­ions sont menées et que les images des caméras de vidéosurve­illance sont exploitées pour tenter de retrouver les agresseurs.

« Nous les pédés, on les tue… »

Arturo, 24 ans, infirmier en soins intensifs, Killian, 25 ans, étudiant en master 2 de Sciences politiques et Adriano, 18 ans, serveur, étaient tranquille­ment attablés dans un bar du cour Saleya, dans la nuit de lundi à mardi. Deux tables plus loin, quatre individus. « Ils ont compris que l’on était homosexuel­s, ils se sont mis à chanter : nous les pédés on les tue », raconte Arturo. « Une fois, deux, trois… Au bout de quatre ou cinq fois, Killian s’est levé pour leur demander pourquoi ils disaient ça. » Ricanement­s.

« Ils ont répondu : les Français chantent la Marseillai­se, nous, on est corses, alors on chante les pédés on les tue », poursuit le jeune infirmier. Ça aurait pu en rester là…

Coups de pied et de poing

Il est presque 2 heures, lorsque les sept personnes sortent du bar, à la demande du videur.

« On a attendu pour ne pas aller dans le même sens qu’eux. On est partis, mais ils ont attaqué dans le dos Killian et Adriano », raconte Arturo.

« Il y en avait deux sur chacun de mes amis, moi j’étais tétanisé, Adriano se prenait des coups de pied et de poing au visage alors je suis intervenu et j’ai pris moi aussi des coups à la tête », enchaîne le vingtenair­e.

Puis, il tente d’aller vers Killian : « Mais lui, c’est un ninja, donc ça allait mieux, mais je me suis encore pris des coups. »

Les trois jeunes homosexuel­s n’ont dû leur salut qu’à l’arrivée d’un groupe d’une dizaine de personnes.

« Ils ont commencé à crier, les quatre Corses sont partis tranquille­ment, fiers d’eux », souffle Arturo, écoeuré. « C’est clairement un crime de haine, une agression homophobe », regrette-t-il.

Le centre LGBTQIA + va écrire au procureur

Hier, les trois victimes sont allées déposer plainte au commissari­at Foch. Arturo et Adriano ont dû se rendre aux urgences de Pasteur 2 pour faire constater leurs blessures, en attendant leur rendezvous à l’institut médico-légal de Nice, le 2 janvier. « Par chance, on n’est pas grièvement blessés », confie l’infirmier.

Une lèvre ouverte, des contusions, des douleurs, mais rien de cassé.

Le Centre LGBTQIA + Côte d’Azur a été immédiatem­ent saisi et a pu échanger avec Arturo, pour les orienter au mieux dans leurs démarches.

« Le caractère homophobe apparaît clairement dans le compte rendu du dépôt de plainte. La peur doit changer de camp ! Plus de 80 % des victimes d’actes LGBT phobies n’osent pas porter plainte », réagit le centre azuréen qui va écrire « dès les jours prochains, au procureur de la République de Nice pour lui demander de porter une attention particuliè­re sur cette plainte et l’avancée de cette enquête. »

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(Photo DR) Arturo et deux amis ont été violemment frappés sur le Cours Saleya à cause de leur homosexual­ité.

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