Monaco-Matin

Refus d’obtempérer : 30 mois de prison pour avoir renversé un policier à Nice

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

La course-poursuite a été d’une rare intensité. Le 24 novembre dernier, les policiers opèrent un banal contrôle routier boulevard de l’Ariane, à Nice. Avec un dispositif rodé. Un policier en civil, garé discrèteme­nt sur le bas-côté avec une moto banalisée, signale les infraction­s à une patrouille qui intercepte plus loin.

Course-poursuite

À la manoeuvre, dans le rôle du « guetteur », un flic costaud, 40 années de service. En face déboule un scooter Piaggio trois roues. L’engin roule vite, grille un feu. Le policier signale mais, d’un coup, le pilote, Walid Missaoui, 42 ans, opère un demi-tour, passe de nouveau au rouge, prend un sens interdit et s’échappe vers la route de l’Abadie. « Je n’étais pas sûr d’avoir pris la bonne immatricul­ation, a témoigné le policier à la barre du tribunal correction­nel de Nice, vendredi. J’ai donc remis mes gants, mon casque, et je suis parti derrière lui. » Il retrouve le contrevena­nt, décline sa profession et demande au chauffard de faire demi-tour. « Il a alors donné un grand coup de guidon à gauche pour me faire quitter la route. Je n’ai pu éviter la collision que par un freinage d’urgence. »

Le policier prévient ses collègues qu’il a failli être renversé, reprend l’homme en chasse mais à distance, dans cette route en lacets. Soudain, à la sortie d’une épingle, le Piaggio est là, face à lui. Le pilote a fait demi-tour pour l’attendre et lui foncer de nouveau dessus. « Un scooter comme ça, à trois roues, ça pèse bien 200 kg, c’est un bélier. » Les deux pilotes tombent à terre. Le policier chute entre un plot en béton et une bouche incendie. «À un mètre près je pouvais me tuer. » Une bagarre s’ensuit au sol et le forcené est finalement maîtrisé.

Le fonctionna­ire n’est heureuseme­nt que légèrement blessé. « Juste sous le roncier dans lequel je suis tombé, il y avait un trou de quatre mètres », a-t-il témoigné visiblemen­t très secoué par cette affaire.

16 condamnati­ons au casier

Walid Missaoui, défendu par Me Jean-Yves Garino, raconte une tout autre version. Il affirme n’avoir pas vu le contrôle, avoir juste souhaité prendre un raccourci et avoir pensé en voyant la moto avec un homme habillé en noir, avoir affaire… à un tueur à gages. Selon lui, le policier n’a pas décliné son identité. La présidente du tribunal, Marion Menot, n’en croit pas un traître mot. L’homme compte seize condamnati­ons au casier, dont une pour violences sur officier ministérie­l, vols avec violence, évasion... «Un passé tumultueux », résume-telle.

Tueur à gages

Le prévenu roulait sans permis, était positif au cannabis et transporta­it une petite quantité de résine. « Il a commis cinq délits ce jour-là, défaut assurance, conduite sous stupéfiant­s, refus obtempérer avec mise en danger d’autrui, usage de stupéfiant­s et violences sur policier », a résumé Ludovic Manteufel, le procureur. Le tribunal n’a pas entendu l’argumentai­re du prévenu, ni adhéré à son histoire de tueur à gages et de raccourci. Walid Missaoui a finalement été condamné à 30 mois, dont un an avec sursis probatoire, soit dix-huit mois ferme. Le tribunal a ordonné son maintien en détention. Il a obligation de soin, de travail, et devra indemniser le policier.

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