Pluie d’hommages après la mort de Benoît XVI
Le 265e pape, qui avait renoncé en 2013, s’est éteint à 95 ans. La fin d’une cohabitation inédite avec son successeur François, à la personnalité et la ligne très différentes.
Le pape émérite Benoît XVI, dont la renonciation en 2013 avait pris le monde entier par surprise, s’est éteint hier matin à 95 ans, dans le monastère des jardins du Vatican où il s’était retiré. La santé du théologien allemand, né Joseph Ratzinger, s’était dégradée ces derniers jours, mais le Vatican avait indiqué vendredi que son état était « stationnaire ».
L’annonce a rapidement été suivie d’une pluie d’hommages. Son successeur, François, a salué une « personne si noble, si gentille », tandis que la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, l’a qualifié de « géant de la foi et de la raison ». Emmanuel Macron a souligné qu’il « oeuvra avec âme et intelligence pour un monde plus fraternel », et l’ex-chancelière allemande, Angela Merkel, a loué « l’un des penseurs religieux les plus combatifs et les plus importants de notre époque ». Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a pointé son « engagement tenace » en faveur de « la non-violence » et de « la paix ».
Une ligne très conservatrice
Les funérailles seront célébrées jeudi matin par le pape François. Un événement inédit dans l’histoire deux fois millénaire de l’Église catholique (lire cidessous), en présence de dizaines de milliers de fidèles, de chefs d’État ou de gouvernement et de têtes couronnées. Son décès met fin à une cohabitation insolite : l’Allemand Joseph Ratzinger, brillant théologien peu à l’aise avec les bains de foule, et l’Argentin Jorge Bergoglio, jésuite doté d’une parole incisive qui a voulu remettre les pauvres et les migrants au centre de la mission de l’Église. Comme chef de l’Église catholique, il a défendu une ligne conservatrice, notamment sur l’avortement, l’homosexualité ou l’euthanasie. Ses déclarations ont parfois choqué, comme sur l’islam ou l’utilisation du préservatif contre le VIH.
De multiples crises
Après huit ans marqués par de multiples crises – dont la fuite de documents confidentiels, qui avait mis en évidence une Curie romaine minée par les intrigues et dénuée de rigueur financière –, Benoît XVI avait été rattrapé début 2022 par le drame de la pédocriminalité dans l’Église. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu’il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander « pardon », mais avait assuré n’avoir jamais couvert de pédocriminel.
Sa renonciation fut une décision personnelle liée à ses forces déclinantes et non à la pression de scandales, avait-il assuré dans un livre paru en 2016. Par ce geste, inédit en six siècles, il a ouvert la voie à ses successeurs dont les forces viendraient à décliner. François, âgé de 86 ans et souffrant de douleurs au genou, a lui-même laissé « ouverte » cette possibilité.