Monaco-Matin

Attentat du 14-Juillet: nouvelle audience cruciale

Trois semaines après le verdict, la Cour se réunit à nouveau, durant trois jours, pour examiner la recevabili­té des parties civiles. Au coeur des débats : jusqu’où étendre la notion de victime ?

- CHRISTOPHE CIRONE

Dernière étape pour le procès de l’attentat commis à Nice le 14 juillet 2016. Trois semaines après avoir rendu son verdict, la Cour d’assises spécialeme­nt constituée de Paris siège à nouveau, à compter de ce matin et jusqu’à jeudi. Place à l’audience civile, retransmis­e cette fois encore au palais Acropolis de Nice. En jeu : la recevabili­té des parties civiles. Le 13 décembre dernier, la Cour avait reconnu coupables les huit accusés impliqués, à divers degrés, dans l’attaque au camion-bélier sur la promenade des Anglais (86 morts dont 15 mineurs, plus de 450 blessés, des milliers de personnes traumatisé­es).

Débats sensibles

Elle avait condamné Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud, deux proches de Mohamed LahouaiejB­ouhlel, à 18 ans de réclusion criminelle pour associatio­n de malfaiteur­s terroriste. Leurs avocats plaidaient l’acquitteme­nt ; ils ont interjeté appel. Il y aura donc un nouveau procès pénal.

Pour l’heure, la Cour examine le volet civil de l’affaire. Le président Laurent Raviot avait décidé d’attendre l’après-verdict, pour ne pas interférer avec le fond. L’enjeu reste néanmoins essentiel pour de nombreuses personnes dont l’attentat a bouleversé la vie.

Près de 2 600 personnes se sont constituée­s parties civiles, 865 au cours de l’instructio­n, les autres durant le procès. Bien avant déjà, des débats juridiques faisaient rage autour du périmètre géographiq­ue dans lequel les personnes présentes sur la Prom’ pouvaient être éligibles. La place des primointer­venants (pompiers, policiers...) posait également question. Depuis, il y a eu des centaines de témoignage­s de victimes, des avis d’experts, puis les motivation­s de la Cour. Alors le parquet national antiterror­iste (PNAT) a assoupli ses critères d’éligibilit­é initiaux. Il a élargi le périmètre d’exposition au danger aux personnes qui se trouvaient sur le terre-plein central de la Prom’, sur la chaussée nord, et jusqu’à l’hôtel Méridien. « Ce procès a permis de faire bouger la perception de l’onde de choc de l’attentat. La tendance est à une reconnaiss­ance accrue des victimes », salue Me Nicolas Gemsa, avocat de nombreuses parties civiles.

« L’enjeu n’est pas que financier »

Les avocats généraux considèren­t néanmoins 185 demandes irrecevabl­es. D’autres pourraient être retoquées par la Cour. À charge pour les avocats des parties civiles de démontrer le préjudice subi par leurs clients. Une étape cruciale pour être indemnisé, mais pas seulement. « L’enjeu n’est pas que financier, estime Me Olivia Chalus-Penochet, qui a coordonné le collectif 14/07 avocats. La reconnaiss­ance permet la reconstruc­tion. »

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(Photo Franz Chavaroche) Le 13 décembre, la Cour d’assises spéciale avait rendu son verdict devant une salle comble.

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