Comment le Stars’N’Bars va-t-il se réinventer ?
Le 27 janvier, après la fermeture, l’établissement sera transformé pour devenir un nouveau lieu avec un restaurant, des espaces de travail et un lieu de conférences autour de l’environnement.
La fin d’une ère… L’annonce en novembre dernier de la fermeture à venir du Stars’N’Bars après trente années de bons et loyaux services a provoqué un tsunami de réactions de clients fidèles attachés à ce restaurant à l’ambiance chaleureuse et aux accents sportifs. Véritable QG de la vie populaire monégasque depuis trois décennies. « Nous avons vécu des années incroyables ici », acquiesce Didier Rubiolo, patron des lieux, bien décidé pour autant à tirer le rideau le 27 janvier prochain. Comme pour rappeler qu’en trente ans de vie, son antre n’est jamais resté statique. Et c’est justement pour écrire un nouveau chapitre dans ces murs du quai Antoine-Ier qu’il fait ce choix. En tournant la page d’une aventure démarrée en 1993 avec Kate Powers, disparue en 2021. « Son départ a été très difficile, c’était mon âme soeur. J’aurais pu continuer notre concept du Stars, mais depuis une bonne dizaine d’années ensemble nous avions déjà mis plus de conscience dans notre travail, en substituant à l’industriel pour le bio, en bannissant les plastiques et les pailles des tables. De petits gestes qui ont été porteurs. Nous avons aussi accueilli des scientifiques, des ONG. Aujourd’hui on ne peut plus se cacher, on connaît les problèmes qui touchent notre planète. Il faut agir pour changer nos comportements. C’est par les actes de chacun que l’on pourra changer. »
« Faire autrement »
Un exemple ? Le 31 octobre dernier, l’établissement n’avait pas organisé sa traditionnelle fête d’Halloween pour les enfants dans un grand déluge de décors et de costumes. « Utiliser pour quatre heures de festivités seulement des paillettes, des produits en plastique qui ont une empreinte tellement énorme, ce n’est plus possible. On peut faire autrement. »
L’action que Didier Rubiolo a choisie vise, au printemps prochain après deux mois de travaux, à transformer les lieux en un nouvel établissement aux contours inédits.
« J’y pense depuis longtemps. Il y a cinq ans peut-être, ça aurait été trop tôt. Mais aujourd’hui c’est le moment, et j’imagine un endroit pour amener de la conscience par des actions journalières, un lieu où des sachants pourront s’exprimer sur les risques climatiques et proposer des solutions. C’est le plus important : diffuser l’information. » Comme une agora autour des questions environnementales en somme ? « Du côté politique, on observe que les changements sont compliqués à mettre en place. L’industrie, elle, ne voit que par l’argent. Un acteur qui peut jouer un rôle : c’est le peuple, l’humain par qui le changement peut arriver, en réduisant notamment la surconsommation. »
Un virage à 180 degrés pour l’extemple du hamburger visant à devenir un antre des bonnes pratiques environnementales. Le futur lieu – dont le nom est encore secret – restera populaire et cosmopolite, comme souhaité par les partenaires et investisseurs qui accompagnent Didier Rubiolo dans cette nouvelle aventure, qui assure vouloir demeurer « un endroit où les gens se rencontrent, qui n’est pas fait pour une élite ».
Espace bien-être et cuisine locavore
Le pari idéologique est aussi financier. Car du Stars et ses 700 couverts, demeureront côté restauration « seulement » 250 couverts au rez-de-chaussée et en terrasse, où les clients dîneront et déjeuneront à côté d’un potager. À l’intérieur, fini les écrans diffusant des compétitions de sport en live ou les photos de stars et les objets de sportifs dédicacés sur les murs. Le bois et la terre cuite régneront dans le décor voulu cosy et naturel. Sur la mezzanine, l’espace sera consacré au mental et au corps avec des cellules que des coaches pourront louer et utiliser comme espace de travail dans le domaine du bien être.
Au dessus, le Stardeck deviendra un members club pour accueillir des conférences d’experts de nouvelles technologies, de l’environnement, des représentants d’ONG ou autres activités. « Monaco est un carrefour international pour beaucoup de gens. Ce rayonnement peut nous permettre de faire connaître de nouvelles idées. Notre fil conducteur : l’humain et son environnement. » Ces espaces à louer assureront également les revenus de ce lieu à venir, inédit en Principauté.
En cuisine aussi, l’équipe actuelle se forme. « Moi-même je vais retourner derrière les fourneaux, sourit Didier Rubiolo. Pour travailler comme je l’ai appris il y a cinquante ans : la simplicité, les plats avec des produits du coin et bons pour la santé. Nous avons la chance dans notre région d’avoir un panel végétal fort, de bons producteurs qui cultivent ou élèvent des bêtes de manière raisonnée, des bières locales. C’est vers ces fournisseurs que nous allons nous tourner, en enlevant tout ce qui vient de l’industrie. Aller chercher des produits à l’autre bout du monde, ça n’a plus de sens. Notre envie est de se faire plaisir, en gardant un prix correct. Il y a trente ans, nous avons été une locomotive à Monaco. J’espère continuer à l’être, mais d’une manière différente. »