Notre pain quotidien
« S’ils n’ont plus de pain, qu’ils mangent de la brioche ! » On ne saura jamais si ces propos prêtés à Marie-Antoinette ont vraiment été tenus par « l’Autrichienne » devant le spectacle des Parisiennes affamées aux grilles de
Versailles en octobre 1789. Mais au rythme où croissent les factures d’électricité de nos boulangers, et les risques de faillite qu’elles entraînent, campagnards et citadins n’auront peut-être demain ni pain, ni brioche à se mettre sous la dent ! Le trait est certes grossier, mais le pain et les Français, c’est toute une histoire. La grande Histoire. Celle du règne de Louis XVI et d’une famine qui précipita sa chute et celle de la monarchie. Mais aussi la caricature que les Anglo-Saxons aiment tant du « frenchie », béret sur la tête et baguette sous le bras. Et que dire du jambon-beurre, du pain au chocolat
(ou la chocolatine, c’est selon...), du pain aux raisins (ou escargot, c’est selon...) sans parler de la galette, qu’il nous faudra impérativement aller acheter ce 6 janvier pour venir en aide aux artisansboulangers. Bref, la farine et ses dérivés, chez nous, c’est une institution. Un incontournable. Comme l’église au milieu du village. Au coeur de la proximité. 33 000 boulangeries comme autant de lieux de passage et de vie. Le cri de détresse de ces lève-tôt, étranglés par des factures multipliées par 10, doit être entendu.
Le gouvernement ne peut se cacher derrière une présumée méconnaissance des aides auxquelles ils ont droit pour se dédouaner d’un légitime coup de pouce supplémentaire. Le peuple des Gilets jaunes est descendu dans la rue pour une hausse des carburants.
Il n’hésitera pas une seule seconde à battre de nouveau le pavé pour sauver notre pain quotidien. Alors, de grâce, préservons ce bien essentiel, ce pan entier de notre artisanat culinaire qui fait que l’Unesco a classé notre chère baguette au patrimoine immatériel de l’humanité ! Un monument, on vous dit.
« Chez nous, c’est une institution. Un incontournable. Comme l’église au milieu du village. »