Monaco-Matin

Généralist­e et hospitalie­r : ce qu’ils en pensent

- G. L.

Recruter 10 000 assistants médicaux ? Renaud Ferrier (photo 1), médecin généralist­e à Cannes, s’amuse de la propositio­n d’Emmanuel Macron. « Comme ce n’est pas lui qui les embauche, il peut très bien promettre ce qu’il veut. Ce sera nous, médecins, qui devront les embaucher un par un. Ce n’est que du “foutage de gueule”. Cela fait plus de 5 ans que la Sécu s’évertue à nous faire embaucher des assistants médicaux. »

Il met en avant des aides trop courtes – 2 ans –, un dispositif complexe et un temps passé à gérer un employé important. «Le bénéfice est limité. L’autre problème, c’est avoir des cabinets suffisamme­nt grands pour l’accueillir. Pour ma part, je serais prêt à le faire, mais dans le centre de Cannes, je ne peux pas trouver 20 m2 en plus, ce n’est pas possible. »

Revalorise­r le rôle des généralist­es

comme le suggère Macron ? «Le temps que nous passons dépend du nombre de motifs pour lesquels on vient nous voir. »

Trois critères à mettre en place

Selon Renaud Ferrier, il faut mettre en face du mode de rémunérati­on les trois critères qui sont : le temps nécessaire à l’acte, les responsabi­lités qu’engage l’acte et les compétence­s nécessaire­s pour le réaliser. « Selon ce qu’on développe comme compétence­s, en toute logique on sera plus longs. Pour l’instant, c’est payé le même prix. Moralité, plus on travaille vite et mal, et mieux on est payés. Si on ne repense pas le système, ça ne colle pas. »

Le chef de l’État a également insisté sur l’idée que les Français doivent pouvoir trouver facilement un médecin de garde. «On ne peut pas rentrer plus d’un litre dans 1 000 cm3. J’ai 63 ans, je suis retraité, je continue à travailler, je fais des journées de 7 h du matin à 20 h 30 - 21 h, et le week-end je finalise l’organisati­on des soins sur le territoire. Quand on a fait une journée de 12 h, on peut évidemment faire une nuit en plus, mais l’arithmétiq­ue nous apprend que tout n’est pas possible. »

Du côté des hospitalie­rs, PierreMari­e Tardieux (photo 2), chef des urgences à l’hôpital Pasteur 2 de Nice estime que le chef de l’État a déroulé une « belle feuille de route ». « Il faudra voir ce qui est mis en place. » L’idée de réorganise­r

l’hôpital par service ? « Il a besoin d’une réorganisa­tion. La diminution de la tarificati­on à l’activité (T2A) était en route. L’abandonner est important. »

« On ne sera pas mal soigné mais soigné autrement »

Faisant le constat que l’hôpital doit dégrader ses soins par manque de personnel, Pierre-Marie Tardieux estime que la réorganisa­tion par services, la notion de soins par territoire et la coordinati­on ville/hôpital, envisagées par le président, sont importante­s. Le chef des urgences estime aussi, comme l’a souligné Emmanuel Macron, que la population doit se voir autrement dans la santé, être plus raisonnabl­e. « Le soin que l’on a eu, l’abondance que l’on a eue, on ne l’aura plus. Cela ne voudra pas dire qu’on sera mal soignés, mais soignés autrement. »

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(Photos Dylan Meiffret et François Vignola) Renaud Ferrier, généralist­e à Cannes (à gauche), et Pierre-Marie Tardieux, chef des urgences de Pasteur 2 à Nice (àdroite).
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