Monaco-Matin

Un prix maximum pour l’électricit­é des artisans

Les boulangers, restaurate­urs et autres artisans le réclamaien­t de plus en plus fort : le gouverneme­nt a annoncé hier qu’ils bénéficier­aient d’un tarif garanti en 2023.

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Face à la fronde des artisans, le gouverneme­nt a fixé un tarif garanti de l’électricit­é pour les très petites entreprise­s (TPE) étranglées par la hausse de leurs factures, mais le partage du coût entre Etat et fournisseu­rs reste à déterminer.

Qui sera concerné ?

Le gouverneme­nt a tranché hier : les TPE (moins de 10 salariés) vont bénéficier d’un tarif garanti de l’électricit­é, fixé à 280 euros par mégawatthe­ure en moyenne sur l’année 2023. Ce seuil se base sur les prix indicateur­s de moyenne communiqué­s par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en fin d’année 2022.

Ce tarif garanti, applicable dès la facture de janvier 2023, sera accessible aux TPE qui ne bénéficien­t pas du tarif de vente réglementé et qui ont renouvelé leur contrat de fourniture d’électricit­é au second semestre 2022.

Sur les 2,1 millions de TPE que compte la France, 600 000 ne bénéficien­t pas du tarif réglementé comme les ménages, selon le gouverneme­nt.

Pourquoi cette renégociat­ion surprise ?

Le gouverneme­nt veut que les fournisseu­rs, comme EDF, Engie et TotalEnerg­ies, appliquent des tarifs reflétant la récente baisse des prix aux TPE qui avaient souscrit des contrats au plus mauvais moment, quand les cours de l’énergie valaient de l’or entre l’été et novembre.

Sur le marché français de gros, les contrats de fourniture d’électricit­é pour livraison dans un an se négociaien­t hier autour des 225 euros par mégawatthe­ure. Mais entre juin et la fin d’année, ils ont dépassé sans discontinu­er les 400 euros/MWh, avec un pic au-delà des 1 100 euros/MWh à la fin du mois d’août.

Pourquoi un tel emballemen­t ? Tout est dû en partie à la pandémie de Covid-19. Alors que l’électricit­é se négociait pendant des années autour de 50 euros le megawatthe­ure, son prix a grimpé à partir de fin 2021, à la reprise générale de l’économie.

Une tension qui s’est ensuite aggravée en 2022 avec la guerre en Ukraine et les difficulté­s d’approvisio­nnement en gaz, dont le prix sert de référence pour fixer celui de l’électricit­é.

Qui va financer ?

Avec cette mesure, l’Etat écarte donc l’hypothèse d’une noria de renégociat­ions individuel­les de contrats d’électricit­é entre les clients et les fournisseu­rs, jusqu’ici envisagée. Une mesure jusqu’alors accueillie très tièdement par les fournisseu­rs d’énergie. Certains redoutaien­t en effet de lourdes pertes : les fournisseu­rs avaient réservé à l’avance de l’électricit­é, à prix d’or, pour couvrir les contrats 2023 de leurs clients. Or, si ceux-ci résilient leurs contrats, les fournisseu­rs risquent de devoir revendre sur les marchés de gros, à perte, l’électricit­é qu’ils ne peuvent plus écouler.

À ce stade, l’ampleur du geste commercial consenti par les fournisseu­rs ou de l’effort de l’État pour compenser ce prix garanti reste impossible à chiffrer. « Nous sommes en train de poursuivre les discussion­s sur le partage des coûts » avec les fournisseu­rs, a précisé Bruno Le Maire.

« Le calcul doit être fait sur comment l’Etat va pouvoir participer et comment on va pouvoir, nous, participer », a confirmé sur franceinfo le patron du fournisseu­r ekWateur Julien Tchernia, présent à la réunion et « très positif » sur son issue.

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(Photo AFP) De nombreux boulangers sont touchés de plein fouet par la hausse des prix de l’énergie.

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