Monaco-Matin

Pas de cessez-le-feu en Ukraine, où les combats continuent

Des duels d’artillerie se poursuivai­ent hier à Bakhmout, malgré l’annonce par Moscou d’un cessez-le-feu unilatéral, dénoncé comme une manoeuvre par Kiev et ses alliés occidentau­x.

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ÀBakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine aux rues en grande partie détruites et désertées, les tirs n’ont jamais cessés, côté Russe comme côté Ukrainien, même si leur intensité était moindre par rapport aux jours précédents. Hier, des dizaines de civils étaient rassemblés dans un bâtiment servant à la distributi­on de l’aide humanitair­e, où des bénévoles ont organisé une célébratio­n de Noël, distribuan­t des mandarines, des pommes et des biscuits, une heure avant l’entrée en vigueur à 9 h de la trêve russe. Pavlo Diatchenko, un policier de Bakhmout, a assuré que la trêve était une « provocatio­n » russe qui n’aiderait pas les civils de la ville. « Ils sont bombardés jour et nuit et quasiment chaque jour, il y a des personnes tuées », dit-il.

Les Russes accusent les Ukrainiens

L’armée russe a assuré respecter sa trêve, mais a accusé les troupes ukrainienn­es de « continuer à bombarder les villes et les positions russes ». Le chef adjoint de l’administra­tion présidenti­elle ukrainienn­e, Kyrylo Tymochenko, a rapporté deux frappes russes sur Kramatorsk (est) ayant touché un immeuble résidentie­l sans faire de victimes. Plus tôt, avant la trêve, il avait évoqué un bombardeme­nt russe sur Kherson (sud). Dans la région de Lougansk (est), les autorités locales ont rapporté 14 tirs d’artillerie et trois assauts russes avec des civils « restant toute la journée dans leurs caves ». Les autorités séparatist­es prorusses de l’est de l’Ukraine ont, pour leur part, fait état de plusieurs bombardeme­nts ukrainiens sur leur bastion de Donetsk avant et après l’entrée en vigueur théorique du cessez-le-feu, annoncé la veille par Vladimir Poutine.

« Hypocrisie » du Kremlin

Paraissant se plier à un appel du patriarche orthodoxe russe Kirill, mais aussi à une propositio­n du chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan avec lequel il s’était entretenu, Poutine avait demandé jeudi à son armée d’observer un « cessez-le-feu sur toute la ligne de contact entre les parties à partir de 12 h (9 h GMT) le 6 janvier jusqu’à 24 heures (21 h GMT) le 7 janvier », qui correspond au 25 décembre, jour de Noël, dans le calendrier julien toujours suivi par l’Église orthodoxe russe. L’Ukraine a cependant mis en doute la sincérité de l’initiative russe, y voyant un « acte de propagande ». Selon son président Volodymyr Zelensky, il s’agit d’une « excuse dans le but d’au moins arrêter l’avancée de nos troupes dans le Donbass et d’apporter équipement­s, munitions, et rapprocher des hommes de nos positions ».

« La réponse qui nous vient à tous à l’esprit, c’est le scepticism­e face à tant d’hypocrisie », a abondé hier le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell. Paris a dénoncé une « tentative grossière de la part de la Russie de masquer sa responsabi­lité, alors qu’elle continue de multiplier les exactions et de bombarder sans relâche l’ensemble du territoire ukrainien ».

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