Nice découvre l’électricité EN JANVIER 1884
Le 6 janvier 1884, Nice a vécu une double aventure : l’inauguration de l’Exposition internationale de la ville et l’avènement de l’électricité impulsée par Thomas Edison.
En 1883, afin de renforcer la notoriété de la ville de Nice, la municipalité de Borriglione décide de se lancer dans une opération de promotion axée sur les arts et techniques. Émerge alors l’idée d’une Exposition internationale. Il ne faudra que dix mois à l’ingénieur Félix Martin pour construire sur le plateau du Piol, au nord de la villa et près du château Cays, un vaste palais des expositions, structure de plâtre et de bois entouré de nombreux pavillons
Des jardiniers créent de luxurieux espaces verts ainsi qu’une cascade (lire encadré). artificielle, coulant sur de faux rochers. Pour faire l’apologie de la modernité, il fut décidé d’installer, pour la première fois à Nice, un système électrique. Un concours voit s’affronter deux systèmes concurrents, ceux de l’Américain Thomas Edison et du Russe Pavel Jablochkoff. Edison remporta la palme.
Inauguration à 14 heures le 6 janvier 1884
L’exposition avait attiré un nombre considérable de personnalités françaises et étrangères. Depuis le matin, des salves d’artillerie étaient tirées du château tous les quarts d’heure. Le boulevard Gambetta et l’avenue de l’Exposition (aujourd’hui avenue Vernier) étaient pavoisés aux couleurs nationales. Dès
13 heures, des gendarmes à cheval s’ébrouèrent sur les avenues qui menaient à la foire et plusieurs compagnies militaires en habits d’apparat assuraient le service d’ordre, venant renforcer les sergents de ville. À 13 h 30, les autorités en cortège ont été reçues par M. Borriglione, alors maire et député, sur une tribune d’honneur drapée en rouge et or. À 14 heures, le maire signifia l’ouverture de l’exposition.
Deux jours plus tard, la lumière fut...
Mais ce qui a rehaussé le plus la féerie du site fut, deux jours plus tard, le top départ de l’installation électrique d’Edison, l’une des plus importantes jamais réalisées en France. Cinq générateurs ont d’un coup alimenté 1 500 ampoules de 110 volts, réparties dans tout le palais, soit vingt lustres, huit candélabres ainsi qu’une quantité incroyable d’appliques d’une intensité éclairante incroyable. C’était simplement éblouissant. Cet étalage d’électricité allait donner l’impulsion à l’éclairage public à Nice qui va se généraliser très progressivement à partir de 1895, d’abord pour les bâtiments publics et l’éclairage urbain. La nécessité d’alimenter les villes du littoral en courant incite les industriels à équiper les chutes d’eau du département. La première chute est aménagée dès 1896 sur le Var à la Mescla par la Société des forces motrices des Alpes-Maritimes, puis à Saint-Cézaire, sur la Siagne.
À partir de 1900, l’usine de Plandu-Var, mise en service par l’Énergie électrique du littoral méditerranéen, alimente Nice en énergie grâce à la première ligne à haute tension des Alpes-Maritimes. Quand le débit des cours d’eau se réduit et menace la production, les usines à vapeur de Risso et de Sainte-Agathe viennent au secours de Nice et de Beausoleil. Dès lors, le nombre des abonnés à l’électricité augmente rapidement, de 400 à Nice en 1900 ils passent à 7 209 en 1914. Le haut pays doit attendre l’entre-deux-guerres et parfois l’après Seconde Guerre mondiale pour être équipé.
Source : documents des Archives départementales des Alpes-Maritimes et Recherches régionales : Nice au XIXe siècle.
« L’exposition avait attiré un nombre considérable de personnalités françaises et étrangères »