Monaco-Matin

E-TROPHÉE ANDROS À ISOLA 2000 « Mon rôle : épauler Yann »

Coucou, le revoilà ! Yvan Muller, le roi de la glace dix fois couronné, prend un nouveau départ à 53 ans. Juste pour aider son neveu, Yann Ehrlacher, à atteindre le sommet, glisse-t-il...

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Comme quoi il ne faut jamais dire jamais ! Dix-sept ans après son dixième et dernier titre, trois ans après son come-back dans le paddock en tant que patron de l’écurie M-Racing, Yvan Muller est reparti pour une danse sur la glace de l’eTrophée Andros. Encore et toujours recordman de la discipline, l’Alsacien de 53 ans s’est d’entrée invité sur le podium en décembre (2e de la course 2 à Val Thorens). Hier, au moment d’aborder le virage isolien, il pointait dans le top 5 du général, à peine un petit point derrière Yann Ehrlacher (4e). Un neveu qui rêve de flirter à son tour avec l’ivresse des cimes.

Yvan, pourquoi avez-vous repris le volant ? Parce que ça vous démangeait trop de briser à nouveau la glace ?

Absolument pas ! Le projet, en fait, il a germé en fin de saison dernière.

Mon neveu termine vicechampi­on avec le même total que le champion (Jean-Baptiste Dubourg, titré au nombre de victoires, ndlr). Il lui manque donc un point. Un point que j’aurais pu lui apporter en tant que coéquipier, en pilotant l’autre auto du team. Forcément, la course, on la ressent mieux de l’intérieur. J’aurais pu lui céder ma place ici ou là, l’aider à faire la différence décisive. Voilà, c’est la raison de ce come-back. Pas de fourmis dans les semelles. Aucune démangeais­on. Porter deux casquettes en même temps, patron d’écurie et pilote, croyez-moi, c’est assez compliqué.

Justement, comment faites-vous ?

Je fais moitié-moitié ! Il a fallu réorganise­r l’équipe afin que je puisse me concentrer sur le pilotage une partie du temps.

Le staff comprend une personne supplément­aire. Et ma femme (l’ancienne pilote Justine Monnier, désormais team-manager) a encore plus de boulot.

Dix-sept ans plus tard, peut-on dire que vous redémarrez sur une feuille blanche avec cette voiture électrique ?

Pas totalement. Bien sûr, tout est différent : l’auto, les pneus, la façon de travailler, de penser, de piloter... De l’extérieur, ces derniers hivers, j’ai pu me forger une idée, une impression. De quoi remettre le contact avec quelques bases. À présent, les sensations vont crescendo. Mais il me faut encore un peu de temps pour retrouver le top niveau.

Quelle cible visiez-vous au départ ?

Hier, aujourd’hui, demain, je n’ai qu’une cible. Un seul et unique objectif. Mon rôle : épauler Yann. Pour ce faire, je dois évoluer aux avant-postes. Revenir en imaginant que j’allais jouer la gagne tout de suite, c’eût été trop ambitieux. Et certaineme­nt trop prétentieu­x.

Donc vous estimez avoir une marge de progressio­n devant vous aujourd’hui ?

Ah j’espère bien qu’elle existe, oui ! Je peux m’améliorer ici et là, sans aucun doute. La double casquette ne facilite pas ma tâche. Autrefois, je ne roulais pas à mi-temps.

Je ne pensais qu’à être le plus efficace possible en piste. Là, il faut faire tourner l’auto et l’équipe en même temps. Et puis je ne suis plus aussi jeune et fringant qu’à l’époque...

Le Yvan Muller des années 90, aujourd’hui, il serait leader ou au coude à coude avec Aurélien Panis ?

Je pense que oui. Pendant la dizaine de saisons où j’ai disputé le Trophée Andros, personne n’est arrivé à me battre. Donc j’imagine que mon niveau d’il y a 18-20 ans me permettrai­t de figurer en tête, ou dans le match, maintenant.

Parlons de Yann : l’an dernier, il loupe le coche de justesse. Que lui manque-t-il réellement pour vous rejoindre au palmarès ?

Pas grand-chose. On a une voiture vieillissa­nte. Là, elle enchaîne sa quatrième saison. Sans doute faudraitil peaufiner pas mal de petits détails sur nos deux caisses. Cela nécessite de l’argent et du temps que l’on n’a pas. Pour rivaliser, nous mettons l’accent sur la rigueur, le travail. On se débrouille, quoi !

Voilà trois ans, vous nous aviez dit : « C’est un gentil mec, lui ! » Yann est-il trop gentil ?

Il a bien évolué, vous savez. Il s’est endurci. Coiffer deux couronnes WTCR (champion du monde des voitures de tourisme en 2020 et 2021), ça forge un peu le caractère !

Quelle est la priorité

Enchaîner des bons scores. Des podiums. Éviter la casse. Bref, faire le mieux possible. On verra où ça nous mène.

Le règlement actuel de l’eTrophée Andros, il vous convient ? Le lest attribué aux trois premiers, le barème de points privilégia­nt les manches qualificat­ives, c’est le meilleur compromis possible ?

Ce n’est pas si mal. On s’en accommode. À l’époque, il y avait un lest spécial Muller. Désormais, le lest ne porte plus de nom. Donc on va plutôt dans le bon sens ! (Rires)

À Isola 2000, quel tracé a votre préférence : l’ancien ou l’actuel ?

J’aimais bien le premier, tout en longueur avec deux épingles à chaque extrémité et un pif paf au milieu. Celui-ci est plus sinueux, plus tortueux. S’il me sourit, je l’aimerai aussi !

‘‘ A l’époque, il y avait un lest spécial Muller. Désormais, le lest ne porte plus de nom ”

Au fait, vous êtes reparti pour combien de temps ? Cinq ans ? Dix ans ?

Oh là là ! Pour l’instant, je n’ai programmé qu’une saison : celle-ci. Laissez-moi tracer le bilan à la fin du mois. Chaque hiver, nous dépensons pas mal d’énergie. Il y a tant de choses à gérer.

C’est beaucoup de fatigue. Pas sûr que l’on prolonge l’expérience longtemps...

Textes : Gil LÉON

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(Photos Bruno Bade) Yvan Muller : « Revenir en imaginant que j’allais jouer la gagne tout de suite, c’eût été trop ambitieux. Et certaineme­nt trop prétentieu­x ».
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numéro 1 pour Yann, pour vous, lors de ce mois de janvier ?

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