Monaco-Matin

Scopelec : double peine pour les salariés varois

Alors que la filiale provençale du sous-traitant d’Orange avait su conserver ses marchés, elle a été liquidée ce mercredi. Ses 300 salariés, dont 212 dans le Var, perdent leur emploi.

- MARIE-CÉCILE BÉRENGER

C’est un peu la double peine pour les 300 salariés de Scopelec SudEst, dont 212 travaillen­t dans le Var. La filiale de Scopelec SA, plus grande société coopérativ­e (Scop) de France spécialisé­e dans l’installati­on de la fibre et des réseaux pour les télécoms, placée en liquidatio­n le 28 décembre à Lyon, vient elle aussi d’être liquidée… Alors que contrairem­ent à sa maison mère, elle était « in bonis ». Surtout, ses salariés ne font pas partie du plan de reprise par la PME varoise Circet (Solliès-Pont), qui a été désignée, le 28 décembre dernier par le tribunal de commerce de Lyon, pour intégrer dans son giron la quasi-totalité des filiales de la coopérativ­e soit 1 049 salariés sur 2 300.

L’entreprise Orange pointée du doigt

Pourquoi ? « Circet voulait nous reprendre aussi, mais comme cette entreprise assure déjà de nombreux marchés dans la région, l’Autorité de la concurrenc­e lui imposait de ne reprendre qu’une partie de notre filiale, en l’occurrence le Var mais pas les Alpes-Maritimes. Pour cela il aurait fallu que le client, Orange, accepte de scinder le marché de notre secteur en deux, ce qui n’a pas été le cas », affirme Cécile Carpi, secrétaire adjointe du CSE de Scopelec Sud-Est et déléguée syndicale Unsa. Une informatio­n qu’Orange, déjà très chahutée dans ce dossier, n’a pas souhaité confirmer ou infirmer avant-hier soir, ni commenter. Car depuis des mois, les syndicats de Scopelec, qui aurait dû fêter ses 50 ans cette année, pointent le comporteme­nt du principal donneur d’ordre, Orange, qui en revoyant ses contrats de soustraita­nce, en novembre 2021, a redistribu­é les cartes dans tout l’Hexagone entre différents opérateurs.

« Licenciés pour cause réelle et sérieuse »

« Ils représenta­ient 40 % de notre chiffre d’affaires, nous étions très peu diversifié­s », ajoute la représenta­nte du personnel, pour qui Orange est clairement responsabl­e des difficulté­s financière­s de la maison mère, qui avaient entraîné un premier Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) au printemps dernier. Scopelec Sud-est avait alors déjà été touchée, perdant les marchés des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence, mais conservant celui du Var et gagnant celui des Alpes-Maritimes. « La direction avait alors proposé aux 51 salariés alpins la mobilité interne mais ils ont refusé et ont été licenciés pour cause réelle et sérieuse ».

Ceux du Var et des Alpes-Maritimes avaient continué à travailler sur les chantiers d’Orange. Jusqu’à la fin décembre. « On nous a demandé de ne plus intervenir. Les collègues sont venus jusqu’au 4 janvier, ils ont joué aux cartes… », raconte, amère, Cécile Carpi. De son côté, Orange indique n’avoir d’autre priorité que de satisfaire ses clients, sur le territoire, et avoir déjà pris des mesures pour assurer temporaire­ment l’activité initialeme­nt assurée par les équipes de Scopelec « notamment en mobilisant les ressources internes et en recourant aux autres partenaire­s ».

L’incompréhe­nsion des salariés

Car si Orange a souhaité revoir la carte de ses sous-traitants, il y a un an, c’était pour répondre aux exigences de qualité des clients finaux dans le déploiemen­t de la fibre. Et justement, les salariés de Scopelec Sud-est avaient conservé leur contrat. Alors aujourd’hui ils ne comprennen­t pas pourquoi ils ont perdu leur boulot.

« Maintenant, ils reçoivent des appels de la concurrenc­e pour les recruter, mais les conditions ne seront pas les mêmes », dénonce encore l’élue. Difficile à comprendre en effet. Et surtout à accepter.

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(Photo AFP) Les salariés varois de Scopelec se retrouvent sur le carreau, comme ceux d’Aquitaine.

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