La réforme de tous les dangers
Présenté demain par la Première ministre, le projet de réforme des retraites, pilier du programme d’Emmanuel Macron, est au coeur de toutes les discussions. Âge de départ relevé à 64 ou 65 ans, allongement de la durée de cotisation... plusieurs hypothèses sont dans les cartons d’Elisabeth Borne, sauf celle d’une hausse des cotisations, refusée par le président de la République. En attendant d’en savoir plus demain, les implications pour les régimes de retraite de la fonction publique ainsi que pour les carrières longues suscitent une vive controverse alors que les inégalités liées au compte pénibilité et à la revalorisation annuelle nourrissent aussi le débat. Dans la société civile, économistes et sociologues y contribuent, en fonction de leurs travaux, pour éclairer les décideurs et le citoyen lambda. Côté syndical, le projet réussit l’exploit de faire l’unanimité contre lui et de souder des centrales divisées jusqu’alors. Même la réformiste CFDT, majoritaire dans le secteur privé, menace de descendre dans la rue en cas de relèvement de l’âge de départ à la retraite. Pour quelle mobilisation ? Bien malin celui qui le prédira. Côté politique, ce dossier est sensible, explosif. À gauche, l’opposition se prépare à en découdre au palais Bourbon. Logique, pour une énième réforme, indispensable selon le pouvoir pour conserver le système de répartition français, mais qui va rogner les droits actuels des futurs retraités. Notamment les 55 ans et plus, qui peinent à conserver leur travail et n’en retrouvent pas ou peu lorsqu’ils sont au chômage. D’ailleurs, arrivé à l’âge légal (62 ans) plus d’un sur deux n’est déjà plus en emploi. À droite, les Républicains, emmenés par leur président Eric Ciotti, ont fait un pas vers le gouvernement hier, annonçant qu’ils sont prêts à voter « une réforme juste ». Juste à quel niveau, et pour qui ? Là encore, il faudra patienter pour savoir où le curseur est mis. Encore plus à droite, Marine Le Pen, qui voulait ramener l’âge de départ à 60 ans lors de la présidentielle, brille par son absence. Comme les députés RN, plutôt silencieux sur le sujet. Peut-être parce que ce parti compte ramasser la mise en 2027. Car quelle que soit l’issue du vote au parlement, cette mesure laissera des traces. Majoritairement opposés à la réforme, les Français sont de moins en moins enclins à manifester, mais savent être rancuniers. Et tout le monde sait que la grogne sociale est captée par le Rassemblement national...
« Ce dossier est explosif. »