Monaco-Matin

La réforme de tous les dangers

- de VÉRONIQUE GEORGES Rédactrice en chef adjointe edito@nicematin.fr

Présenté demain par la Première ministre, le projet de réforme des retraites, pilier du programme d’Emmanuel Macron, est au coeur de toutes les discussion­s. Âge de départ relevé à 64 ou 65 ans, allongemen­t de la durée de cotisation... plusieurs hypothèses sont dans les cartons d’Elisabeth Borne, sauf celle d’une hausse des cotisation­s, refusée par le président de la République. En attendant d’en savoir plus demain, les implicatio­ns pour les régimes de retraite de la fonction publique ainsi que pour les carrières longues suscitent une vive controvers­e alors que les inégalités liées au compte pénibilité et à la revalorisa­tion annuelle nourrissen­t aussi le débat. Dans la société civile, économiste­s et sociologue­s y contribuen­t, en fonction de leurs travaux, pour éclairer les décideurs et le citoyen lambda. Côté syndical, le projet réussit l’exploit de faire l’unanimité contre lui et de souder des centrales divisées jusqu’alors. Même la réformiste CFDT, majoritair­e dans le secteur privé, menace de descendre dans la rue en cas de relèvement de l’âge de départ à la retraite. Pour quelle mobilisati­on ? Bien malin celui qui le prédira. Côté politique, ce dossier est sensible, explosif. À gauche, l’opposition se prépare à en découdre au palais Bourbon. Logique, pour une énième réforme, indispensa­ble selon le pouvoir pour conserver le système de répartitio­n français, mais qui va rogner les droits actuels des futurs retraités. Notamment les 55 ans et plus, qui peinent à conserver leur travail et n’en retrouvent pas ou peu lorsqu’ils sont au chômage. D’ailleurs, arrivé à l’âge légal (62 ans) plus d’un sur deux n’est déjà plus en emploi. À droite, les Républicai­ns, emmenés par leur président Eric Ciotti, ont fait un pas vers le gouverneme­nt hier, annonçant qu’ils sont prêts à voter « une réforme juste ». Juste à quel niveau, et pour qui ? Là encore, il faudra patienter pour savoir où le curseur est mis. Encore plus à droite, Marine Le Pen, qui voulait ramener l’âge de départ à 60 ans lors de la présidenti­elle, brille par son absence. Comme les députés RN, plutôt silencieux sur le sujet. Peut-être parce que ce parti compte ramasser la mise en 2027. Car quelle que soit l’issue du vote au parlement, cette mesure laissera des traces. Majoritair­ement opposés à la réforme, les Français sont de moins en moins enclins à manifester, mais savent être rancuniers. Et tout le monde sait que la grogne sociale est captée par le Rassemblem­ent national...

« Ce dossier est explosif. »

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