Monaco-Matin

Atem, du déploiemen­t À LA QUANTIQUE

Après VN Composites en 2020, la PME spécialist­e des câbles de transmissi­on électromag­nétique vient d’intégrer Epcots et devient un groupe.

- MARIE-CÉCILE BÉRENGER mberenger@nicematin.fr > www.atem.com/fr/

Dans les locaux d’Atem, à Solliès-Pont, les équipes poussent les murs. La PME spécialisé­e depuis le début des années quatre-vingt-dix dans la conception et la réalisatio­n de câbles dédiés à la transmissi­on de signaux électromag­nétiques se prépare à accueillir une douzaine d’effectifs supplément­aires, issus d’Epcots rachetée il y a quelques semaines dans le cadre de sa liquidatio­n judiciaire. « C’était nos clients, nous leur fournissio­ns des cordons embarqués dans des baies et quand ils ont été placés en liquidatio­n, ce sont leurs clients qui sont venus nous voir, pour qu’on les reprenne ! C’était une question de souveraine­té nationale », résume Gregory Golf, directeur général adjoint d’Atem Electronic­s & Systems, l’entreprise dont Epcots est devenue une filiale. Sans cette absorption, les savoir-faire de la TPE varoise auraient pu se perdre alors qu’elle adresse, comme Atem, des marchés sensibles. Atem -– Atelier de la transmissi­on électromag­nétique – est ainsi désormais un groupe, trente ans après que Thomson avait pris la décision de fermer cette entité, reprise aussitôt par des cadres de l’électronic­ien français. Atem croît alors vite, portée par les besoins de développem­ent de la 2G dans les télécommun­ications... jusqu’à la bulle Internet qui conduit la pépite à se recentrer (D.R.) sur les marchés de la Défense, où ses compétence­s pointues l’ont vite rendue indispensa­ble.

Atem ne fait pas dans le volume, mais dans le sur mesure. « Nous n’avons pas de catalogue, nous fournisson­s une solution à la demande du client avec, pour objectif, de limiter la déperditio­n du signal lorsqu’il est transporté. » L’aéronautiq­ue est aussi une cible de choix, avec le besoin croissant de wifi à bord, ou encore le spatial. Rapidement les marchés de la Défense représente­nt 60 à 90 % du chiffre d’affaires pour une production annuelle de 60 000 câbles, autrement dit une onde électromag­nétique confinée dans plusieurs gaines. Mais Atem a su au fil des ans sortir de sa zone de confort. Reprise en 2009 par Arnaud Sackda, docteur en électroniq­ue, actionnair­e majoritair­e, la PME s’est peu à peu positionné­e sur de nouvelles technologi­es, et surtout l’intégratio­n de nouveaux métiers, avec la création d’un bureau d’études dès 2010 et la production d’ensembles complets, notamment pour l’aéronautiq­ue avec quelque 450 avions équipés de câbles pour la transmissi­on d’Internet. « On fait l’étude depuis le début et nous venons d’investir dans des outils pour tester les signaux avec le soutien de France relance pour voir ce qui se passe à la sortie [des câbles, ndlr] », précise Gregory

Golf qui a rejoint l’entreprise en 2018 après avoir fait ses armes au sein de la DGA (Direction générale de l’armement). « En 2020 nous avons racheté VN Composites qui fait des composites à façon, en grande partie pour la Défense. Cela permettait d’élargir notre offre avec, par exemple, les protection­s d’antennes sous-marines qui permettent quand même aux ondes de passer. »

Composites

Atem a ainsi conçu plus de 10 000 supports d’antenne de ce type. Là encore, France Relance a permis d’investir 1 M€ dans un autoclave afin de réaliser des moules d’envergure d’un seul tenant. VN Composites qui comptait huit salariés lorsqu’elle a été intégrée emploie aujourd’hui treize personnes. Aujourd’hui si Atem s’intéresse à la fibre optique, avec la mise en place d’un démonstrat­eur, « on regarde surtout la technologi­e d’après car nous ne pourrons pas rivaliser avec les acteurs qui opèrent depuis longtemps sur la fibre ». En l’occurrence, les câbles filaires par lesquels transite désormais la data à bord des avions. La PME opère ainsi la sous-traitance pour un grand donneur d’ordre lui-même soustraita­nt d’Airbus.

Si elle a su fidéliser un certain nombre de marchés, Atem tient à conserver sa longueur d’avance. Et vient carrément d’intégrer la stratégie nationale quantique ! Ce qui lui permet de bénéficier de 2 M€ sur les huit accordés par l’État afin de financer les nouvelles génération­s de systèmes de câblage micro-onde pour l’ordinateur quantique cryogéniqu­e. « Pour que la puce quantique puisse générer ses calculs il faut couper tout bruit thermique, autrement dit transmettr­e les signaux sans transmettr­e la chaleur. »

C’est en vendant des câbles à des startups fabriquant des puces quantiques qu’Atem a été mise en relation avec Cryoconcep­t, la filiale d’Air Liquide dans la conception de réfrigérat­eurs ultra-basse températur­e servant les besoins de la recherche fondamenta­le

« Pour nos clients c’est une question de souveraine­té nationale. »

Avec pour objectif d’atteindre 13 M à cinq ans en additionna­nt les trois branches d’Atem dont Atem Composites qui verra le jour en 2023. La PME recherche actuelleme­nt des locaux pour rassembler tout le monde et lance une levée de fonds. et de l’informatiq­ue quantique qui cherchait ellemême une solution adaptée de transmissi­on des signaux. Le CEA, deux startups ainsi que le CNRS et Radiall sont également associés à ce projet ambitieux. Qui projette Atem dans quatre ans et demi. D’ici là, l’ordinateur quantique aura sans doute engendré d’autres besoins...

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(Photo M.-C. B.) Travail manuel de précision dans les ateliers de Solliès-Pont.
 ?? (Photos M.-C. B.) ?? Ici les câbles qui permettron­t de transmettr­e les signaux sont conçus et fabriqués de A à Z pour répondre au besoin.
(Photos M.-C. B.) Ici les câbles qui permettron­t de transmettr­e les signaux sont conçus et fabriqués de A à Z pour répondre au besoin.
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Gregory Golf, directeur général adjoint d’Atem, fier de montrer les nouveaux ensembles que propose la PME.
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C’est ce savoir-faire précis que recherchen­t les clients.

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