Monaco-Matin

Jamais cousu de fil blanc

Le scénario de cette édition 2023 n’était pas forcément celui attendu, avec la victoire de l’Algérien Salim Keddar mais aussi la « défaillanc­e » du recordman de l’épreuve, Raphaël Montoya.

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Il y a souvent loin de la coupe aux lèvres. Raphaël Montoya en a encore fait l’amère expérience, hier, sur l’asphalte humide et maussade de la Prom’. Le pensionnai­re du NCAA, qui s’affichait comme le principal favori à sa succession au palmarès de l’épreuve, n’aura finalement jamais été en mesure d’imposer sa foulée au reste du peloton ; lâchant prise aux environs de la mi-course, et laissant ainsi le champ libre à un Salim Keddar tout étonné de la tournure des évènements. L’Algérien, plutôt spécialist­e du 1500 m, en rigolait presque, tant déployer victorieus­ement ses 176 cm sous la banderole aurait été considéré comme défi juste insensé seulement quelques heures auparavant.

« Ce n’est que la deuxième fois, de toute ma vie, que je cours un 10 km sur route. Mais mon coach, avant de m’aligner ici, m’avait dit que j’étais capable de descendre sous les 28’30’’. Mon objectif, au départ, n’était donc que chronométr­ique. D’autant que la plupart de mes concurrent­s sont, eux, d’authentiqu­es spécialist­es. Gagner, c’est donc un « plus », un joli cadeau… »

Barrer en fait trop ?

Pour autant, pas question de se disperser, de se laisser griser, alors le garçon dit vouloir rester focus sur ses objectifs initiaux. Il rechausser­a d’ailleurs les pointes, dès la fin janvier, à l’occasion du meeting national indoor de Lyon…

Dès les premiers hectomètre­s, ce sont donc les Kenyans qui avaient choisi d’imprimer un rythme plutôt soutenu à la meute des prétendant­s à la victoire. Benson Lingokal et Shadrack Kipyegon en tête. Mais derrière ces deux « lièvres », l’homme qui produisait la meilleure impression, après qu’un petit groupe d’une dizaine d’éléments se soit détaché, était assurément François Barrer. Constammen­t signalé aux avant-postes, le Rémois finissait cependant par payer au prix fort cette trop grande témérité. « J’en ai peut-être un peu trop fait ! Maintenant, et même si j’espérais un peu mieux, j’améliore quand même assez nettement mon record personnel. En fait, je m’attendais à ce que ça parte un peu plus vite. Et je me suis retrouvé en tête, alors que ce n’était pas dans mes intentions. Mais j’ai quand même assumé et j’ai mené au train, en me disant que je n’avais pas forcément besoin des autres pour faire ma course. Malheureus­ement, ça n’a pas suffi pour aller au bout… »

Le Champenois, lui aussi pistard de formation (les 5 000 et 10 000 m sont ses deux distances de prédilecti­on), espère désormais que le 10 km de Valence (Espagne), auquel il participer­a le week-end prochain, fera naître un peu moins de regrets…

Sophie Tonneau au sprint

Du côté des filles, s’être plongé

dans les start-lists pour nourrir d’éventuels talents divinatoir­es, s’est avéré exercice encore moins efficace que la lecture du destin dans le marc de café. Margaux Sieracki absente de la « vague », c’est Sophie Tonneau qui a su le mieux « surfer » jusqu’à la ligne d’arrivée, qu’elle a franchi la première au prix d’un ultime coup de reins. « Mon but au départ n’était pas de gagner cette course, mais plutôt de réussir le meilleur temps possible. Mais je me suis glissée dans le bon groupe et j’ai réussi à m’accrocher jusqu’au bout » a lâché, du bout des lèvres, une Lorraine à la fois kiné de formation, et exchampion­ne de France universita­ire de cross-country (en 2021). Autant dire que l’on devrait revoir la jeune femme squatter le devant de la scène, mais sur des terrains sûrement plus accidentés…

 ?? ?? Sous une pluie fine, Salim Keddar s’est imposé en 28’38’’. Il a échoué à une petite seconde du record de Raphaël Montoya (2020).
Sous une pluie fine, Salim Keddar s’est imposé en 28’38’’. Il a échoué à une petite seconde du record de Raphaël Montoya (2020).

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