Elisa, 16 ans (Vence) : « Je ne suis ni pour ni contre »
« C’est un sujet délicat », résume Elisa, 16 ans, bonnet noir sur la tête. Assise avec ses quatre camarades de classe devant le lycée Matisse de Vence, l’adolescente s’interroge : « Je ne suis ni pour ni contre le port obligatoire de l’uniforme. D’un côté on peut voir l’effacement des disparités sociales et de l’autre une liberté dont on nous prive. »
« Qui paie ? »
Emilie, également en première Arts appliqués, renchérit : « Quand on est jeunes, c’est aussi important de pouvoir s’exprimer par la manière dont on s’habille. Mais il ne faut pas que cela puisse devenir un sujet de moquerie. Après, c’est surtout au collège que cela peut être important. »
Sweat sur les épaules, Lola, 17 ans, nuance : « En fait, tu peux aussi t’exprimer en dehors du lycée. » « Et il y a des établissements qui imposent déjà une tenue : les lycées pros par exemple », relance Emy dans son ensemble sportswear fuchsia. À partir de là, doit-on tout interdire, bijoux, piercings et maquillage ? « Je ne pense pas que l’on donne des indications sur son milieu social avec ça », avance Angelina.
Mais au-delà du style, la jeune génération s’intéresse aux questions de fond. Elisa reprend : « Imaginons que l’uniforme soit obligatoire dans le public. Qui paie ? Et si on change de taille durant l’année : est-ce que les familles vont devoir racheter une nouvelle tenue ? » De la cohérence dans la contrainte : « Il faut que ça soit raccord avec la volonté de mettre tout le monde à égalité. »
Du coup, il faudrait que l’intégralité des lycées de France opte pour le même ensemble « parce que sinon on va assister à une sorte de concurrence entre les établissements », souligne Lola.
Et la question du genre dans tout ça ?
Autre thème, fondamental aux yeux des adultes de demain : le carcan du genre « Si l’uniforme c’est jupe pour les filles, pantalon pour les garçons, est-ce que des garçons pourraient mettre des jupes par exemple ? », demandent les lycéennes qui ajoutent : « Il faut prendre en compte tout le monde, les nonbinaires également. » Apparaissent ici les résurgences du fameux débat sur la « tenue républicaine » : « En tant que fille, on ne peut pas mettre de short – je ne parle pas de choses courtes – alors que les garçons peuvent. Idem pour les débardeurs. On se sent traitées différemment. »