Retraites : les syndicats tablent sur un long conflit
Après les premiers appels dans les transports et l’énergie, la CGT Pétrole annonce trois grèves d’ici à un mois. L’exécutif joue la carte de la « responsabilité ».
La première journée de mobilisation contre la réforme des retraites n’a pas encore eu lieu que la suite se prépare déjà : plusieurs fédérations se projetaient hier audelà du 19 janvier, avec la volonté d’inscrire le mouvement dans la durée. Notamment la CGT Pétrole, qui prévoit trois grèves : les 19 et 26 janvier ainsi que le 6 février, avec « si nécessaire l’arrêt des installations de raffinage ». Et en allant crescendo : le premier arrêt de travail devrait durer 24 heures, le deuxième, 48 heures, et le troisième, 72 heures.
Cet appel entraînera des « baisses de débit » et des arrêts dans l’expédition des carburants, a averti Eric Sellini, coordinateur national du syndicat pour TotalEnergies. Avec potentiellement le risque de retrouver les pénuries connues en octobre dernier, lors du mouvement pour une augmentation des salaires dans les raffineries et les dépôts de pétrole.
« Ne pas pénaliser les Français »
Une perspective explosive pour l’exécutif, qui a aussitôt réagi. « Il y a un droit de grève, il y a un droit à manifester », mais « c’est important aussi de ne pas pénaliser les Français », a répliqué la Première ministre, Élisabeth Borne. Et de lancer aux syndicats « un appel à la responsabilité ».
Dans le même temps, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a refusé, sur
RMC-BFM TV, de « résumer la situation à un face-à-face entre le gouvernement et les syndicats » ouà « un bras de fer ». « La grève peut se passer sans [...] blocage du pays », a renchéri le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, hier matin sur CNews. Une antienne reprise par le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, qui a jugé sur RTL qu’il serait « irresponsable » de la part des syndicats de « bloquer le pays » pour s’opposer à une réforme des retraites qu’il estime « indispensable ». Alors que dans le même temps, son parti confirmait se rapprocher d’un accord avec la majorité pour soutenir le texte (lire ci-contre).
Vers le blocage de sites de gaz
Cet appel de la CGT Pétrole intervient au lendemain de celui des syndicats des transports, qui promettent le 19 janvier une « grève puissante » ,et des syndicats de l’énergie, qui prévoient un conflit «dur». Dans ce dernier secteur, on se prépare déjà un mouvement long. « J’ai déjà loué les barnums, de quoi pouvoir tenir plusieurs jours d’affilée », a indiqué Frédéric Ben, responsable du secteur gaz à la FNME-CGT : « On ne peut pas se dire qu’en une journée, le gouvernement va faire machine arrière [...], donc forcément derrière, il y aura d’autres actions », a-t-il ajouté, prévoyant des blocages sur les sites de stockage de gaz.