À l’école, le retour aux fondamentaux se précise
Une circulaire publiée hier préconise notamment de mettre l’accent sur la dictée. À l’entrée en 6e, plus d’un quart des élèves ne savent pas lire.
Pour lutter contre la baisse du niveau des élèves, l’Éducation nationale propose de nouvelles pistes. Pap Ndiaye l’avait écrit dans une tribune fin décembre : « Les résultats aux évaluations nationales et internationales ne sont pas satisfaisants. Disons-le clairement : le niveau d’ensemble baisse ! » A l’entrée en classe de 6e, 27 % des écoliers français ne savent pas lire. Et ils maîtrisent de moins en moins bien l’exercice de la dictée. En classe de CM2, «en 1987, les élèves faisaient 10,7 fautes et aujourd’hui, ils en font en moyenne 19,7 fautes », détaille-t-on au ministère.
« Garder le niveau d’exigence »
Brigitte Macron s’en est ellemême mêlée mercredi, évoquant dans un entretien publié par Le Parisien qu’ «ilne faut absolument pas baisser le niveau d’exigence » sur l’orthographe, recommandant « de faire tous les jours une petite dictée ».
Une circulaire sur la maîtrise des savoirs fondamentaux publiée hier émet des recommandations pour remédier au niveau des élèves. «La pratique régulière de l’écriture de phrases et de textes complets, d’une longueur croissante, est essentielle pour permettre aux élèves d’acquérir une expression fluide, grammaticalement exacte et fondée sur une orthographe maîtrisée », peut-on lire. Avant de préciser qu’ «en CM1 et CM2, les élèves doivent lire et écrire au moins deux heures chaque jour » et qu’en 6e, « toutes les disciplines contribuent au travail sur la lecture et l’écriture ». Enfin, à l’entrée en CM1, « tous les élèves qui n’arrivent pas à lire un texte avec fluidité et expressivité, à une vitesse de 90 mots par minute, doivent bénéficier d’une pratique quotidienne spécifique pendant au moins quatre semaines. » Est aussi prévue l’instauration d’évaluations nationales en CM1, en français et en mathématiques, à compter de la rentrée 2023.
En maternelle aussi
Dans une autre circulaire, le ministère détaille son plan maternelle. L’enjeu est notamment « d’installer les premiers apprentissages fondamentaux, autour de deux priorités : le langage et les premières notions de mathématiques ». Objectif : la « réduction des inégalités ».
De quoi convaincre les enseignants ? « Cette fameuse dictée n’est pas révolutionnaire et l’on sait depuis longtemps que c’est avant tout un moyen [...] de vérifier ce que les élèves savent, mais ce n’est malheureusement pas de l’apprentissage », juge Isabelle Rioual, enseignante en CP dans une école de Dieppe (Seine-Maritime). « Nous faisons déjà un gros travail sur l’orthographe, et nous n’avons pas besoin d’une énième circulaire. Il nous faudrait plutôt des classes moins surchargées pour mieux travailler avec les élèves. » « Entre 1987 et aujourd’hui, on est passé de 27 heures de cours à 24 heures de cours par semaine à l’école élémentaire, tout en y ajoutant des disciplines », souligne de son côté Stéphane Crochet, du SE-Unsa. La semaine dernière, Pap Ndiaye avait annoncé la création pour tous d’une heure par semaine de renforcement en français ou en mathématiques en 6e. Elle s’intégrera aux 26 heures de cours des collégiens et se fera en partie sur l’heure de technologie.
«« Le “quoi qu’il en coûte” était nécessaire pendant le confinement, mais il n’est pas durable. Acheter la paix sociale en faisant des chèques me paraît peu efficace à court terme et dangereux à long terme. »
L’ancien Premier ministre Édouard Philippe
dans Le Point.