Championne olympique, qui est Virginie Hériot ?
Le coin du Mentounasc Retrouvez, comme chaque semaine, la rubrique de la Société d’art et d’histoire du pays mentonnais. Rencontre avec celle qui découvra son amour de la mer à Menton.
Née sous une bonne étoile – son père hérite des luxueux Grands Magasins du Louvre à Paris – Virginie, « la grande dame du yachting », découvre sa passion de la mer à Menton. Dès 1904, elle s’initie aux rudiments de la navigation à la barre du « Salvator », le magnifique yacht familial. Une croisière en Méditerranée avec Pierre Loti la convainc de sa vocation. On la surnommera « Madame de la Mer ». Virginie fut au yachting ce que sa grande amie Suzanne Lenglen fut au tennis : invincible, insubmersible.
Une carrière sportive mais aussi des livres, poèmes et conférences
Tout comme « la diva », elle terrassa les Anglais en remportant une des plus prestigieuses épreuves internationales : la Coupe de France. Trafalgar était effacé… Début août 1928, elle hisse le drapeau tricolore au plus haut du mat olympique lors des JO d’Amsterdam : championne olympique de yachting en classe 8 mètres de jauge internationale. À la barre de son « Aile VI » et commandant ses cinq équipiers, elle devance les Pays-Bas et la Suède. En classe 6 m, le titre revient au prince Olav de Norvège,
grand sportif (yachting et saut à ski), ami de notre championne.
Hormis sa carrière internationale, elle promouvra sa discipline par ses carnets de voyages, livres, poèmes et conférences internationales. De 1922 à 1932, elle fait construire 6 voiliers de 8 m et 5 de 6 m, tous français, ventant la qualité des constructeurs de sa chère France. Elle en offrira certains à l’Ecole Navale. De ses bêtes de course, elle gardera en unique souvenir une… poulie de chacun d’eux ! Grande ambassadrice de la France et de la voile à travers le monde, elle sera reçue, honorée et récompensée par toutes les têtes couronnées. Elle était une aventurière de ces années folles qui, comme Hellé Nice (pilote de grands prix), « LA » Lenglen (tennis) ou Madeleine Vallot (ski et alpinisme), révolutionna et popularisa son sport.
Elle nous quitta « en scène »
De sa vie mentonnaise, son livre « La mer » nous livre quelques pépites. Sa mère habitait au Cap Martin. Son bateau familial « Salvator » était amarré au port de Menton. La Princesse Victoria aimait se promener et admirer les jardins de sa propriété au Cap Martin. En 1923, elle disputa les courses internationales de Gênes, après avoir remorqué ses deux bateaux « l’Aile II » et « l’Aile III » amarrés au port de Menton. Grande amie d’Alain Gerbault, elle navigua avec lui. Chaque hiver elle jouait au tennis à Cannes en sa compagnie, celle de Suzanne Lenglen et du Roi Gustave V de Suède. Roquebrune, en son conseil municipal du 21 novembre 1932, donna son nom à une avenue du Cap. Cannes, à deux pas du Palais des Festivals, la représente sur fond de trois mats en une imposante stèle visible de toute la Croisette : une oeuvre de Raoul Bénard, en pierre de Pouillenay rose. Près de là, une plaque rappelle le départ d’Alain Gerbault pour son tour du monde en 1923 à la barre de son « Firecrest ». La Côte d’Azur possède un impressionnant abécédaire de ces aviateurs, navigateurs, pilotes, sportifs à travers noms de quais, rues, monuments ou stades. Virgine Hériot en occupe une place essentielle. Tout comme Molière, elle nous quitta « en scène ». Tout comme Suzanne Lenglen, bien trop tôt : à 43 ans. Tout comme Alain (Colas), Eric (Tabarly), « Flo, la petite fiancée de l’Atlantique » (Artaud), son nom est attaché au patrimoine sportif français. Ils sont nos éternels conquérants des mers, nos immortels de la voile.
La mer qu’on voit danser Le long des golfes clairs…