Monaco-Matin

Championne olympique, qui est Virginie Hériot ?

Le coin du Mentounasc Retrouvez, comme chaque semaine, la rubrique de la Société d’art et d’histoire du pays mentonnais. Rencontre avec celle qui découvra son amour de la mer à Menton.

- PATRICK DIDIER

Née sous une bonne étoile – son père hérite des luxueux Grands Magasins du Louvre à Paris – Virginie, « la grande dame du yachting », découvre sa passion de la mer à Menton. Dès 1904, elle s’initie aux rudiments de la navigation à la barre du « Salvator », le magnifique yacht familial. Une croisière en Méditerran­ée avec Pierre Loti la convainc de sa vocation. On la surnommera « Madame de la Mer ». Virginie fut au yachting ce que sa grande amie Suzanne Lenglen fut au tennis : invincible, insubmersi­ble.

Une carrière sportive mais aussi des livres, poèmes et conférence­s

Tout comme « la diva », elle terrassa les Anglais en remportant une des plus prestigieu­ses épreuves internatio­nales : la Coupe de France. Trafalgar était effacé… Début août 1928, elle hisse le drapeau tricolore au plus haut du mat olympique lors des JO d’Amsterdam : championne olympique de yachting en classe 8 mètres de jauge internatio­nale. À la barre de son « Aile VI » et commandant ses cinq équipiers, elle devance les Pays-Bas et la Suède. En classe 6 m, le titre revient au prince Olav de Norvège,

grand sportif (yachting et saut à ski), ami de notre championne.

Hormis sa carrière internatio­nale, elle promouvra sa discipline par ses carnets de voyages, livres, poèmes et conférence­s internatio­nales. De 1922 à 1932, elle fait construire 6 voiliers de 8 m et 5 de 6 m, tous français, ventant la qualité des constructe­urs de sa chère France. Elle en offrira certains à l’Ecole Navale. De ses bêtes de course, elle gardera en unique souvenir une… poulie de chacun d’eux ! Grande ambassadri­ce de la France et de la voile à travers le monde, elle sera reçue, honorée et récompensé­e par toutes les têtes couronnées. Elle était une aventurièr­e de ces années folles qui, comme Hellé Nice (pilote de grands prix), « LA » Lenglen (tennis) ou Madeleine Vallot (ski et alpinisme), révolution­na et popularisa son sport.

Elle nous quitta « en scène »

De sa vie mentonnais­e, son livre « La mer » nous livre quelques pépites. Sa mère habitait au Cap Martin. Son bateau familial « Salvator » était amarré au port de Menton. La Princesse Victoria aimait se promener et admirer les jardins de sa propriété au Cap Martin. En 1923, elle disputa les courses internatio­nales de Gênes, après avoir remorqué ses deux bateaux « l’Aile II » et « l’Aile III » amarrés au port de Menton. Grande amie d’Alain Gerbault, elle navigua avec lui. Chaque hiver elle jouait au tennis à Cannes en sa compagnie, celle de Suzanne Lenglen et du Roi Gustave V de Suède. Roquebrune, en son conseil municipal du 21 novembre 1932, donna son nom à une avenue du Cap. Cannes, à deux pas du Palais des Festivals, la représente sur fond de trois mats en une imposante stèle visible de toute la Croisette : une oeuvre de Raoul Bénard, en pierre de Pouillenay rose. Près de là, une plaque rappelle le départ d’Alain Gerbault pour son tour du monde en 1923 à la barre de son « Firecrest ». La Côte d’Azur possède un impression­nant abécédaire de ces aviateurs, navigateur­s, pilotes, sportifs à travers noms de quais, rues, monuments ou stades. Virgine Hériot en occupe une place essentiell­e. Tout comme Molière, elle nous quitta « en scène ». Tout comme Suzanne Lenglen, bien trop tôt : à 43 ans. Tout comme Alain (Colas), Eric (Tabarly), « Flo, la petite fiancée de l’Atlantique » (Artaud), son nom est attaché au patrimoine sportif français. Ils sont nos éternels conquérant­s des mers, nos immortels de la voile.

La mer qu’on voit danser Le long des golfes clairs…

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(Photo “Mentone and Monte-Carlo News”. 1925) V. Hériot par Browne.

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