Monaco-Matin

Retraites : « La valeur travail est au coeur du projet politique »

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FRÉDÉRIC GHINTRAN : « En tant que chef d’entreprise, j’attache une grande importance à la valeur du travail. Comment comptez-vous faire comprendre aux Français qu’il va falloir travailler plus longtemps alors que pour nombre d’entre eux, le travail n’est plus valorisé à sa juste valeur ? »

Je vous rejoins totalement. La valeur travail est au coeur du projet politique qu'on porte avec le président de la République depuis 2017. On en parle beaucoup, et surtout, on agit beaucoup. On veut créer une société du travail.

C'est important, parce que travailler, c'est aussi un moyen de trouver une place dans la société. C'est important aussi pour le ministre du budget que je suis pour les comptes publics. Plus on a de Français qui travaillen­t, plus on a de recettes pour le budget de l'État et le budget de la Sécurité sociale.

Si on avait le taux d'emploi de nos voisins allemands, j'aurais beaucoup moins de travail pour essayer d’équilibrer les budgets car on aurait les recettes suffisante­s pour financer nos politiques publiques. On doit absolument améliorer le taux d'emploi et le nombre de Français qui travaillen­t dans notre pays. Ça passe par les jeunes. C'est pour cela qu'on agit beaucoup sur l'apprentiss­age. Il y avait moins de 300 000 apprentis quand Emmanuel Macron a été élu en 2017, il y en a aujourd'hui plus de 800 000, et on atteindra bientôt un million. Cela a été multiplié par trois dans le départemen­t depuis 2017. C'est la réforme des lycées profession­nels qu'on va porter. Pour les plus âgés, il y a des actions sur l'emploi des seniors et la réforme des retraites. Comment valoriser le travail ? En faisant en sorte que travailler rapporte plus. On voit bien qu'il y a un enjeu autour du pouvoir d'achat, de la rémunérati­on. Il y a la nécessité que travailler paye.

Reprendre un emploi doit être incitatif ”

On a mis en place la prime d'activité pour les salariés avec un très faible revenu. L'État apporte une aide jusqu'à 2 000 euros de salaire pour compléter le revenu afin que ce soit incitatif de reprendre un emploi. Il faut aussi faire évoluer les règles pour inciter au travail dans un contexte où toutes les entreprise­s nous disent qu'elles n'arrivent pas à recruter. On doit inciter d'avantage. Demain, ce sera la réforme du RSA, pour les minima sociaux, on souhaite qu'il y ait une contrepart­ie de formation et d'insertion pour retrouver un emploi.

DOMINIQUE PEDINIELLI : « Pourquoi avoir gardé le calcul de la retraite des fonctionna­ires sur les 6 derniers mois, alors que pour le privé, c’est sur les 25 meilleures années ? »

Aujourd'hui, l'urgence est d'équilibrer le système pour qu'on

garde un système par répartitio­n. Ensuite, je crois profondéme­nt qu'un jour, il y aura la réforme systémique par points.

Sur la différence entre le public et privé, le taux de remplaceme­nt, en moyenne, est à peu près équivalent. Dès cette réforme-là, on met fin à une injustice, celle des régimes spéciaux. Aujourd'hui, si vous êtes chauffeur de bus à Paris, que vous avez le même métier, que vous êtes rentré au même âge et avec la même rémunérati­on et le même nombre d'heures qu'un collègue à Nice, vous partez à la retraite trois ans ou cinq avant votre collègue qui a le même métier ailleurs en France. On y met fin dans la réforme des retraites.

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