Monaco-Matin

Nice : un détenu sauvagemen­t agressé

Deux hommes ont frappé et filmé leur codétenu à la maison d’arrêt. Ils devaient être jugés vendredi. Le tribunal a finalement demandé un complément d’enquête.

- CHRISTOPHE PERRIN

Mohamed ne voulait pas changer de cellule à la maison d’arrêt de Nice. C’est le motif invoqué par Souleyman et Maleaume, ses deux codétenus âgés de 20 ans, pour justifier un déchaîneme­nt de violence, lundi, à partir de 4 heures du matin. Non contents de le frapper avec un morceau de bois et une poêle, y compris quand il était à terre, les agresseurs, tout sourire, l’ont filmé. La famille de la victime a récupéré des vidéos Snapchat où leur proche apparaît inerte, ensanglant­é. Il a été découvert dans les douches par un surveillan­t vers 7 heures du matin.

« Rare sauvagerie » et « rare inhumanité »

Le parquet avait choisi de renvoyer les deux détenus vendredi pour être jugés en comparutio­n immédiate. Poursuivis pour violences aggravées, ils souhaitaie­nt répondre de leurs actes rapidement. Me Jean-Philippe Pazzano, avocat de la victime, a contesté le choix du procureur de la République de la comparutio­n immédiate. Devant le tribunal correction­nel, l’avocat a estimé que son client « avait été victime d’une agression d’une rare sauvagerie, d’une rare inhumanité ».

Une « tentative de meurtre »

« Les lois de la République doivent s’appliquer sur tous les lieux, y compris les lieux clos comme les hôpitaux psychiatri­ques et les maisons d’arrêt, a tonné l’avocat. L’administra­tion pénitentia­ire est responsabl­e de la sécurité des personnes que la justice lui a confiées. » Porte-parole de la famille de la victime, il a demandé un complément d’enquête, estimant qu’il s’agissait d’une « tentative de meurtre » .Le tribunal, présidé par

Edouard Levrault, a suivi son avis sur la nécessité de mener des investigat­ions plus poussées et demandé l’ouverture d’une informatio­n judiciaire. Il revient désormais à un juge d’instructio­n d’enquêter. Le procureur Christophe Tricoche a estimé pour sa part qu’une instructio­n n’était pas nécessaire : « La volonté de tuer ne peut pas, à mon avis, être démontrée. Il n’y a aucun doute, c’est une affaire grave, et les prévenus, en récidive, encourent d’ores et déjà quatorze ans de prison pour ces violences aggravées. »

Me Valérie Février, en défense, a plaidé que Maleaume,

son client, n’avait pas eu l’intention de tuer. « La colère est mauvaise conseillèr­e », a-t-elle rappelé à son confrère Me Pazzano.

« Aucun coup grave n’a été porté »

« Certes, les images sont impression­nantes, mais aucun coup grave n’a été porté. » « La victime, après 24 heures d’hospitalis­ation est retournée en cellule », a observé Me Pierre Chami. L’interrupti­on temporaire de travail pour Mohamed est supérieure à huit jours. Incarcéré pour un vol dans un restaurant de l’avenue Jean-Jaurès à Nice, il devait sortir dans deux mois. Son avocat va déposer une demande de mise en liberté. Un syndicat de surveillan­ts (UFAP-UNSA) a publié cette semaine un communiqué pour dénoncer « le climat de violences » au sein de cette maison d’arrêt.

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(Photo d’archives F. F.) La maison d’arrêt de Nice, où l’incident a eu lieu lundi.

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